Le poivre de Kampot flétrit sous le soleil cambodgien au milieu de températures record

Au cœur du Cambodge, une lutte silencieuse se déroule. Le célèbre poivre de Kampot, joyau culinaire qui orne les tables et ravit les palais du monde entier, est confronté à un défi sans précédent.

Alors que les modèles climatiques mondiaux changent, les agriculteurs de Kampot se battent non seulement pour sauver leurs moyens de subsistance, mais aussi pour sauver une partie du patrimoine de leur nation.

Withering Fields : la dure réalité de la canicule

Le soleil frappe impitoyablement les champs autrefois luxuriants de Kampot, où les rangées de plants de poivrons sont vaincus par la chaleur. Chhim Laem, un agriculteur local, se promène dans sa ferme le cœur lourd.

Chaque pas qu'il fait soulève un nuage de poussière de la terre craquelée, un contraste saisissant avec les terres fertiles qui ont autrefois fait vivre sa famille et les générations qui l'ont précédé.

La situation est désastreuse. Le poivre de la région, qui coûte jusqu'à 200 dollars le kilo pour sa saveur florale unique, est au bord de l'effondrement.

La vague de chaleur qui s’est abattue sur l’Asie du Sud et du Sud-Est est bien plus qu’une simple anomalie saisonnière ; c'est le symptôme d'un climat changeant qui devient de plus en plus hostile aux méthodes agricoles traditionnelles.

La ferme de Laem, comme beaucoup d’autres, a été durement touchée. Ses 264 poivriers ont péri à cause de la chaleur, le laissant sans récolte à vendre et avec un avenir incertain.

La désignation du poivre de Kampot par l'Union européenne comme « indication géographique protégée » était une source de fierté et de stabilité économique, mais elle offre peu de protection contre les températures caniculaires et la sécheresse prolongée qui sont devenues trop courantes.

Un patrimoine en péril : la lutte pour la préservation du poivre de Kampot

L'Association de promotion du poivre de Kampot, dirigée par Kann Sinouch, est à l'avant-garde de la bataille pour sauver cette épice prisée.

Sinouch prévient que le rendement de cette année pourrait être réduit de moitié, ce qui pourrait conduire à une pénurie d'exportations en 2025. L'association se démène pour trouver des solutions, mais l'imprévisibilité des conditions météorologiques rend la planification difficile.

Nguon Lay, un autre agriculteur dont la famille cultive le poivre depuis quatre générations, partage les inquiétudes de Sinouch. L'année dernière, Lay a récolté neuf tonnes sur sa ferme de cinq hectares.

Cette année, il ne s’attend à rien récolter. Les pluies torrentielles du début de la saison ont détruit les fleurs des plantes et la sécheresse qui a suivi a scellé leur sort.

Les agriculteurs expérimentent des techniques de stockage de l'eau et des abris de protection, mais ces mesures ne se sont pas encore révélées efficaces contre les conditions météorologiques extrêmes.

Le poivre de Kampot, autrefois symbole de résilience et de rétablissement, témoigne désormais de la fragilité de nos écosystèmes face au changement climatique.

Sous le regard haletant de la communauté culinaire internationale, les agriculteurs de Kampot poursuivent leur combat quotidien contre les éléments.

Leur sort n’est pas seulement un problème local ; c'est un signe d'avertissement mondial. La crise du poivre de Kampot est un appel à l’action contre le changement climatique, un rappel que ce que nous risquons de perdre n’est pas seulement une épice, mais un morceau de la riche tapisserie culturelle et traditionnelle de notre monde.

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