Selon des recherches récentes, les couches jetables pourraient être dégradées par la lumière UV lors de leur élimination plutôt que d’en voir 300 000 brûlées ou jetées dans des décharges chaque minute.
300 000 couches jetables chaque minute
Les couches jetables représentent une contribution colossale aux déchets mondiaux en raison de leur composition complexe qui entrave un recyclage facile. Cependant, une nouvelle approche offre de l’espoir en récupérant le polymère « superabsorbant » présent dans les protège-couches, même s’ils sont souillés. Ces revêtements sont principalement constitués de polyacrylate de sodium, se transformant en hydrogel lors de l’absorption du liquide.
Fabriquées à partir de pâte de bois, de coton, de rayonne viscose, de polyester, de polyéthylène et de polypropylène, les couches jetables, selon un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement de 2021, présentent des impacts environnementaux importants tout au long de leur cycle de vie. Ils mettent à rude épreuve les autorités locales chargées de les éliminer.
Le défi réside dans le recyclage des superabsorbants à base de polyacrylate de sodium réticulé, ce qui aboutit à ce que 2 millions de tonnes finissent dans les décharges ou soient incinérées chaque année. Une stratégie efficace est cruciale pour alléger ce fardeau environnemental. Entrez dans une méthode de recyclage rapide tirant parti de la dégradation par les UV dans les hydrogels de polyacrylate de sodium réticulés sans produits chimiques supplémentaires en dehors de l’eau. Cette technique révolutionnaire permet une conversion rapide en polyacrylate de sodium soluble en quelques minutes, soit un progrès significatif de près de 200 fois par rapport aux méthodes de désestérification plus lentes.
Le polyacrylate de sodium soluble qui en résulte possède des applications polyvalentes, depuis les colorants aqueux épaississants jusqu’à servir de base pour les adhésifs sensibles à la pression. Ce processus, caractérisé par une photodégradation et une estérification UV rapides, évolutives, sûres et rentables, produit des polymères avec des poids moléculaires réglables (100 à 400 kg/mol), surpassant les méthodes de déréticulation antérieures.
En plus du contenu en plastique, le fait de jeter les couches avec les déchets de bébé complique encore davantage le recyclage. Il est choquant de constater que le marché des couches jetables, évalué à 71 milliards de dollars, figure parmi les plus grands contributeurs aux déchets publics mondiaux, avec plus de 300 000 couches incinérées, mises en décharge ou polluant l’environnement chaque minute.
Détourner les couches jetables des décharges grâce à la lumière UV
Les couches jetables offrent une facilité et une commodité inégalées, ce qui incite à leur utilisation généralisée. La réticence à adopter des alternatives réutilisables vient souvent du sentiment que les parents se sentent dépassés par l’effort supplémentaire impliqué, le manque d’installations de lavage et de séchage appropriées, ou le caractère dissuasif des coûts initiaux. Par conséquent, les ventes de couches jetables ont bondi dans des régions comme l’Asie du Sud-Est, notamment dans des pays comme l’Indonésie, soutenues par une classe moyenne croissante et une population en expansion.
Traditionnellement, le recyclage de ces couches impliquait de les immerger dans un acide chauffé puissant pendant environ 16 heures, un processus qui décompose les chaînes polymères réticulées dans le gel en vue d’un éventuel recyclage. Cependant, en raison de ses exigences en termes de temps et d’énergie, cette méthode reste peu utilisée.
À la recherche d’une approche plus efficace, des scientifiques de l’Institut de technologie de Karlsruhe en Allemagne ont mis au point une méthode révolutionnaire. Ils ont trempé des doublures de couches en polyacrylate de sodium avec de l’eau et les ont exposées à la lumière ultraviolette d’une lampe de 1 000 watts à température ambiante. Étonnamment, en seulement cinq minutes, le gel polymère s’est dissous dans un liquide qui a été collecté. En tirant parti des techniques existantes, les chercheurs ont transformé le polyacrylate de sodium liquéfié à la fois en adhésif et en agent épaississant pour colorant.
Le professeur Pavel Levkin de l’Institut de Karlsruhe a expliqué que la lumière brise les chaînes reliant les polymères, les transformant ainsi en fibres liquides lâches et solubles dans l’eau. Cette méthode à la lumière UV s’est avérée 200 fois plus rapide que le traitement acide conventionnel. Bien que des doublures de couches propres aient été utilisées dans les expériences, les scientifiques restent confiants dans l’efficacité de la méthode pour les couches usagées.
Levkin a souligné la découverte de son équipe comme une stratégie prometteuse pour recycler les superabsorbants, soulignant son potentiel à réduire considérablement la pollution environnementale et à favoriser une utilisation plus durable des polymères.