Les abeilles sont menacées par les ingrédients inertes des pesticides, selon une nouvelle étude

Les abeilles sont vitales pour la pollinisation de nombreuses cultures et fleurs, mais elles sont confrontées à de multiples menaces liées à la perte d’habitat, au changement climatique, aux maladies et aux pesticides.

Si certains pesticides sont conçus pour tuer les insectes, d’autres sont censés être inoffensifs ou bénéfiques pour les plantes.

Cependant, une nouvelle étude a révélé que certains de ces pesticides peuvent contenir des ingrédients « inertes » plus toxiques pour les abeilles que les ingrédients actifs.

Le danger caché des formulations de pesticides

Les pesticides sont largement utilisés en agriculture pour protéger les cultures des ravageurs et des maladies. Cependant, ils peuvent également constituer une menace sérieuse pour les abeilles et autres pollinisateurs, essentiels à la production alimentaire et à la biodiversité.

La plupart des pesticides ne sont pas des substances pures, mais des mélanges de différents produits chimiques, notamment des ingrédients actifs et des coformulants.

Les ingrédients actifs sont ceux qui sont censés tuer ou repousser les parasites cibles, tandis que les coformulants sont ajoutés pour améliorer les performances, la stabilité ou l’apparence du produit.

Les coformulants sont souvent appelés ingrédients « inertes », ce qui implique qu’ils sont inoffensifs ou inactifs. Cependant, ce n’est pas toujours le cas.

Une étude récente publiée dans Scientific Reports a révélé que certains coformulants d’un fongicide populaire appelé Amistar sont plus toxiques pour les bourdons que l’ingrédient actif lui-même.

Les chercheurs ont exposé les bourdons à différents composants d’Amistar et ont découvert que les éthoxylates d’alcool, un type de tensioactif, provoquaient des effets mortels et sublétaux sur les abeilles, tels qu’une réduction de l’alimentation, de la mobilité et de la survie.

Les tensioactifs sont couramment utilisés dans les pesticides pour aider les ingrédients actifs à pénétrer dans les tissus des plantes ou des insectes.

Cependant, ils peuvent également endommager la cuticule des abeilles, qui constitue leur couche externe protectrice, et les rendre plus vulnérables à la déshydratation, aux agents pathogènes et à d’autres facteurs de stress.

L’étude a également montré que la toxicité d’Amistar n’était pas reflétée par son seul ingrédient actif, à savoir l’azoxystrobine, un fongicide considéré comme relativement sûr pour les abeilles.

Les chercheurs ont découvert que le produit formulé était jusqu’à 1 000 fois plus toxique que l’azoxystrobine seule.

Cela signifie que les tests réglementaires actuels, qui évaluent uniquement les principes actifs, pourraient sous-estimer l’impact réel des pesticides sur les abeilles et autres organismes non ciblés.

La nécessité de plus de transparence et de précaution

Les résultats de l’étude ne sont pas surprenants, étant donné que des recherches antérieures ont également montré que les coformulants peuvent augmenter la toxicité des pesticides pour les humains et la faune.

Par exemple, une étude de 2014 a révélé que certains herbicides, fongicides et insecticides étaient plus toxiques pour les cellules humaines que leurs ingrédients actifs, en raison de la présence de coformulants.

Une autre étude de 2017 a révélé que certains insecticides néonicotinoïdes, connus pour nuire aux abeilles, étaient plus nocifs lorsqu’ils étaient combinés avec des coformulants ou d’autres pesticides.

Cependant, le problème est que les coformulants sont souvent gardés secrets par les fabricants de pesticides, qui prétendent qu’il s’agit d’informations exclusives ou de secrets commerciaux.

Il est donc difficile pour les chercheurs, les régulateurs et les consommateurs de savoir quels produits chimiques se trouvent réellement dans les produits qu’ils utilisent ou rencontrent.

De plus, les coformulants ne sont pas soumis aux mêmes normes de sécurité que les ingrédients actifs et sont souvent considérés comme inertes ou négligeables.

Cela peut conduire à l’approbation de produits plus dangereux que prévu et à l’exposition des abeilles et d’autres êtres vivants à des risques inconnus.

Il est donc urgent de faire preuve de plus de transparence et de précaution dans la réglementation et l’utilisation des pesticides.

Les chercheurs de l’étude ont demandé la divulgation de tous les ingrédients des formulations de pesticides et le test de l’ensemble des produits, et pas seulement des ingrédients actifs, pour déterminer leurs effets sur les abeilles et d’autres organismes non ciblés.

Ils ont également suggéré que les consommateurs évitent d’utiliser des pesticides contenant des éthoxylates d’alcool ou d’autres tensioactifs et optent pour des méthodes biologiques ou alternatives de lutte antiparasitaire.

Ce faisant, nous pourrons peut-être protéger les abeilles et nous-mêmes du danger caché des formulations de pesticides.

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