Le biochar fabriqué à partir de résidus de cultures offre une voie vers une réduction du dioxyde de carbone atmosphérique

Le changement climatique constitue aujourd’hui l’un des défis les plus urgents auxquels l’humanité est confrontée. Les scientifiques avertissent que nous devons limiter la quantité de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère pour éviter les pires conséquences du réchauffement climatique.

Mais comment pouvons-nous y parvenir lorsque nous dépendons des combustibles fossiles pour l’énergie et de l’agriculture pour l’alimentation ?

Une solution possible est le biocharbon, un charbon de bois fabriqué à partir de matières organiques rejetées par le chauffage, telles que des résidus de récolte.

Le biochar peut améliorer la fertilité des sols et la croissance des plantes, tout en séquestrant le carbone dans le sol pendant des siècles.

Cela signifie que le biochar peut contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture et à améliorer en même temps la sécurité alimentaire.

Une nouvelle étude, publiée dans la revue GCB Bioenergy, a cartographié le potentiel mondial de production de biochar à partir de résidus de cultures.

L’étude a utilisé un ensemble de données à haute résolution sur les résidus de cultures, qui sont les parties des plantes qui restent après la récolte, telles que les tiges, les feuilles et les coques.

Les chercheurs ont identifié des zones dans lesquelles les résidus de cultures peuvent être récoltés de manière durable et convertis en biocharbon, sans affecter d’autres utilisations telles que l’alimentation du bétail ou la conservation des sols.

Le biochar peut compenser une fraction importante des émissions mondiales

L’étude a révélé que, en théorie, si tous les résidus agricoles du monde étaient transformés en biocharbon, cela séquestrerait environ un milliard de tonnes de carbone par an.

Cela équivaut à environ 80 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture, soit 12 % des émissions mondiales totales.

Cependant, l’étude a également pris en compte les limites pratiques de la production de biocharbon, telles que la disponibilité de la technologie, le coût du transport et la demande concurrente de résidus de récolte.

En tenant compte de ces facteurs, l’étude estime que le potentiel mondial de production de biochar est environ la moitié du maximum théorique, soit 510 millions de tonnes de carbone par an.

Sur cette quantité, environ 360 millions de tonnes resteraient séquestrées dans le sol après 100 ans.

L’étude a également classé les pays en fonction de leur potentiel de séquestration du biocharbon en pourcentage de leurs émissions totales actuelles de gaz à effet de serre.

Les résultats ont montré que 12 pays ont la capacité technique de compenser plus de 20 % de leurs émissions en fabriquant du biocharbon à partir de résidus de cultures.

Le Bhoutan arrive en tête de liste avec un potentiel de 68 %, suivi de l’Inde avec 53 % et du Népal avec 40 %.

Le biochar peut profiter aux agriculteurs et à l’environnement

Selon le co-auteur principal de l’étude, Dominic Woolf, associé de recherche principal à l’Université Cornell, le biochar est l’un des rares outils capables d’éliminer l’excès de CO2 de l’atmosphère à grande échelle sans rivaliser pour l’accès aux terres.

Woolf a également déclaré que le biochar peut offrir de multiples avantages aux agriculteurs et à l’environnement.

Il a expliqué que le biochar peut améliorer la santé des sols, la rétention d’eau, le cycle des nutriments et les rendements des cultures. Il a ajouté que le biochar peut également réduire l’érosion des sols, le ruissellement des engrais et les émissions de gaz à effet de serre provenant des sols.

Il a ajouté que le biochar peut également contribuer à restaurer les terres dégradées et à accroître la résilience des systèmes agricoles face au changement climatique.

Woolf a en outre déclaré que la production de biochar peut également créer des emplois et des revenus pour les communautés rurales, en particulier dans les pays en développement où sont générés la plupart des résidus de récolte.

Il a également déclaré que le biochar peut être produit à l’aide de technologies simples et peu coûteuses, telles que des fours, des poêles ou des gazogènes, qui peuvent être facilement adaptées aux conditions et préférences locales.

Les cartes de l’étude sur la production de résidus de récolte et la séquestration du biochar peuvent fournir des informations précieuses et soutenir la prise de décision liée à la production et à l’investissement du biochar.

Les cartes peuvent aider à identifier les emplacements, les cultures et les technologies les plus appropriés pour la production de biochar, ainsi que les impacts et avantages environnementaux et sociaux potentiels.

Les résultats de l’étude soulignent la nécessité de davantage de recherche et de développement sur le biochar, ainsi que de davantage de politiques et d’incitations pour promouvoir son adoption et son utilisation.

Selon Woolf, le biochar peut jouer un rôle clé dans l’atténuation du changement climatique et dans la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris, qui vise à limiter l’augmentation de la température mondiale bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels.

Il a conclu que le biochar n’est pas une solution miracle, mais qu’il s’agit d’un outil puissant qui peut compléter d’autres stratégies d’atténuation et d’adaptation.

Il a déclaré que le biochar peut nous aider à faire la transition vers un avenir à faibles émissions de carbone et résilient au changement climatique, tout en améliorant la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance en milieu rural.

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