Les plantes envahissantes peuvent se cacher à la vue de tous pendant jusqu'à 320 ans avant de se développer rapidement

Les plantes envahissantes sont largement reconnues comme l’une des principales menaces pour la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes à l’échelle mondiale.

Cependant, une nouvelle étude révèle que ces plantes peuvent également présenter un danger caché, souvent négligé par les chercheurs et les gestionnaires : elles peuvent rester en dormance pendant des décennies, voire des siècles, avant de se développer rapidement et de causer des dommages écologiques.

Dormance : une stratégie trompeuse

L'étude, publiée dans Nature Ecology and Evolution, a été dirigée par des chercheurs de l'Université de Californie à Davis, qui ont analysé les données de plus de 5 700 espèces de plantes envahissantes dans neuf régions du monde.

Ils ont découvert que ces plantes, une fois introduites dans de nouveaux environnements, ont la capacité étrange de passer inaperçues pendant de longues périodes avant de reprendre vie et de se propager soudainement.

Ce phénomène, appelé dormance, est une stratégie qui permet aux plantes de survivre à des conditions défavorables, comme la sécheresse, le froid ou l'herbivorie, en réduisant leur activité métabolique et en entrant dans un état d'animation suspendue.

Les plantes dormantes peuvent persister dans le sol sous forme de graines ou de structures végétatives, telles que des bulbes, des tubercules ou des rhizomes, en attendant le bon déclencheur pour germer ou germer.

La dormance n’est pas propre aux plantes envahissantes, mais elle leur est particulièrement avantageuse, car elle leur permet d’échapper aux efforts de détection et d’éradication, ainsi que de s’adapter à de nouveaux environnements et d’exploiter les opportunités d’invasion.

Selon l'étude, la dormance peut varier de quelques mois à plusieurs siècles, selon les espèces et les facteurs environnementaux.

Voici quelques exemples de plantes envahissantes qui présentent de longues périodes de dormance :

Érables sycomores

(Acer pseudoplatanus), qui ont été introduits au Royaume-Uni au XVIIe siècle comme arbres ornementaux, mais sont restés dormants pendant 320 ans avant de s'étendre et de déplacer les chênes et les frênes indigènes.

Plantain lancéolé

(Plantago lanceolata), qui a été introduite aux États-Unis en 1822 comme plante médicinale, mais est restée dormante pendant 177 ans avant de se propager et de devenir une mauvaise herbe nuisible pour le bétail et les plantes indigènes.

Feuille de velours

(Abutilon theophrasti), qui a été introduite aux États-Unis au XVIIIe siècle comme une culture potentielle de fibres, mais est restée dormante pendant 50 ans avant de se développer et de menacer le maïs, le soja et d'autres cultures car elle aspire l'eau et les nutriments.

Implications pour la gestion et la conservation

La découverte de la dormance des plantes envahissantes a de profondes implications pour la gestion et la conservation des écosystèmes du monde entier. Cela signifie que les plantes envahissantes constituent non seulement une menace immédiate, mais aussi un défi à long terme qui nécessite des solutions innovantes.

L'auteur principal de l'étude, Mohsen Mesgaran, professeur adjoint au Département des sciences végétales de l'UC Davis, a souligné la nécessité de stratégies révisées pour lutter contre les plantes envahissantes.

Il a déclaré que l'accent traditionnel mis sur les menaces immédiates doit être élargi pour inclure des pratiques de surveillance et de gestion à long terme visant à identifier et à atténuer les risques posés par les plantes envahissantes dormantes.

Il a également suggéré que des recherches supplémentaires étaient nécessaires pour comprendre les mécanismes et les déclencheurs de la dormance des plantes envahissantes, ainsi que pour développer des méthodes permettant de les détecter et de les éliminer avant qu'elles ne deviennent un problème grave. Il a ajouté que cela pourrait impliquer le recours à des outils moléculaires, à la télédétection ou à la science citoyenne.

Mesgaran a conclu que la dormance est un trait trompeur et dangereux qui amplifie le niveau de menace des plantes envahissantes. Il a averti que les écosystèmes du monde entier sont assis sur une bombe à retardement et que nous devons agir rapidement et intelligemment pour la désamorcer.

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