L’Australie est confrontée à un moment charnière pour son avenir économique et environnemental. Deux économistes éminents ont présenté une proposition audacieuse qui pourrait transformer radicalement la politique carbone du pays et la positionner à l’avant-garde de la révolution bas carbone. Cependant, tout le monde n’est pas d’accord avec cette idée.
Cela a déclenché un débat houleux qui révèle une nation divisée sur ses choix énergétiques et ses engagements climatiques. Dans cet article, nous explorerons les détails, les arguments et les implications de cette proposition controversée.
Déterrer la proposition
La proposition en question est une taxe sur les combustibles fossiles de 100 milliards de dollars par an, suggérée par Ross Garnaut et Rod Sims, deux économistes australiens de premier plan possédant une vaste expérience en matière de politique climatique et énergétique. Ils ont dévoilé leur idée dans un rapport publié par l’Australia Institute, un groupe de réflexion progressiste, en février 2024.
Selon le rapport, la taxe serait appliquée à la production et à la consommation de combustibles fossiles en Australie, comme le charbon, le gaz, le pétrole et le diesel.
Le taux de taxe serait basé sur la teneur en carbone et le potentiel de réchauffement climatique de chaque carburant, et augmenterait au fil du temps pour refléter le coût social des émissions de carbone.
Le rapport estime que la taxe permettrait de récolter environ 100 milliards de dollars au cours de sa première année, et plus de 200 milliards de dollars d’ici 2030.
Le rapport affirme que la taxe aurait de multiples avantages pour l’Australie.
Premièrement, cela fournirait un signal de prix clair et cohérent incitant le marché à abandonner les combustibles fossiles et à investir dans des alternatives énergétiques propres.
Deuxièmement, cela générerait des revenus substantiels pour le gouvernement, qui pourraient être utilisés pour financer les services publics, réduire les impôts sur le revenu, soutenir les ménages à faible revenu et investir dans les infrastructures vertes et l’innovation.
Troisièmement, cela permettrait à l’Australie de respecter ses obligations internationales au titre de l’Accord de Paris et de faire preuve de leadership dans l’effort mondial de lutte contre le changement climatique.
Le rapport reconnaît que la taxe entraînerait également des coûts et des défis importants. Cela augmenterait le prix de l’énergie et des transports pour les consommateurs et les entreprises, et réduirait la compétitivité des exportations australiennes de combustibles fossiles.
Cela nécessiterait également une conception et une mise en œuvre minutieuses pour éviter des conséquences imprévues, telles que des fuites de carbone, des disparités régionales et des réactions politiques négatives.
Cependant, le rapport affirme que ces coûts et défis peuvent être atténués en adoptant des politiques et des mesures complémentaires, telles que des ajustements carbone aux frontières, des systèmes de compensation régionaux, ainsi que des consultations et une éducation publiques.
Il affirme également que les avantages de la taxe dépasseraient les coûts à long terme, car l’Australie récolterait les fruits d’un avenir plus propre, plus sain et plus prospère.
Une nation divisée
La proposition a suscité des réactions mitigées de la part de diverses parties prenantes et groupes en Australie. D’une part, il a reçu un fort soutien de la part des environnementalistes, des universitaires et de certains hommes politiques.
Ils ont salué la proposition, la qualifiant d’ambitieuse, visionnaire et nécessaire, et ont exhorté le gouvernement à l’adopter dès que possible.
Par exemple, les Verts, le troisième parti politique en Australie, ont soutenu la proposition et l’ont qualifiée de « révolutionnaire » pour le pays.
Adam Bandt, le leader des Verts, a déclaré que la taxe « dynamiserait » la transition vers les énergies renouvelables et créerait des milliers d’emplois verts.
Il a également demandé au Parti travailliste, principal parti d’opposition, de soutenir la proposition et d’unir ses forces à celles des Verts pour faire pression sur le gouvernement.
D’un autre côté, la proposition s’est heurtée à une farouche opposition de la part du gouvernement fédéral, de l’industrie des combustibles fossiles et de certains groupes d’entreprises.
Ils ont rejeté la proposition la jugeant irréaliste, irréalisable et nuisible, et ont averti qu’elle nuirait à l’économie, détruirait des emplois et augmenterait les factures d’énergie.
Par exemple, la Coalition, l’alliance politique au pouvoir, a rejeté la proposition comme une idée « imprudente » et « radicale » qui « détruirait » l’économie et « nuirait » aux Australiens.
Scott Morrison, le Premier ministre, a déclaré que cette taxe « réduirait » les revenus des travailleurs australiens et « paralyserait » les industries qui dépendent des combustibles fossiles.
Il a également défendu la politique climatique actuelle du gouvernement, qui repose sur des investissements technologiques et des objectifs volontaires de réduction des émissions, la qualifiant de « pratique » et « équilibrée ».
De même, le Conseil des minéraux d’Australie, l’organisme suprême représentant le secteur minier, a condamné la proposition, la qualifiant de « désastre » pour l’industrie et la nation.
Tania Constable, directrice générale du conseil, a déclaré que la taxe « tuerait » les secteurs du charbon et du gaz, qui sont vitaux pour la sécurité énergétique de l’Australie, ses recettes d’exportation et son développement régional.
Elle a également fait valoir que la taxe n’aurait aucun impact significatif sur les émissions mondiales, dans la mesure où d’autres pays continueraient à utiliser et à produire des combustibles fossiles.
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