Une nouvelle étude sur un katydid éteint conservé dans l’ambre a mis en lumière l’ancienne communication acoustique des insectes et de leurs prédateurs.
La recherche, publiée dans la revue Palaeontology, a révélé que les katydidés utilisent les ultrasons depuis des millions d’années pour éviter d’être détectés par les chauves-souris et autres espions.
Le son du silence
L’insecte fossile, nommé Archaboilus musicus, appartient à la famille des Tettigoniidae, également connue sous le nom de katydidés ou grillons de brousse. Il a été trouvé dans un morceau d’ambre birman qui remonte au milieu du Crétacé, il y a environ 100 millions d’années.
L’ambre contient également une plume, suggérant que l’insecte vivait en milieu forestier.
Les chercheurs, dirigés par le Dr Fernando Montealegre-Zapata de l’Université de Lincoln, au Royaume-Uni, ont utilisé la micro-tomodensitométrie et la reconstruction 3D pour examiner la morphologie et l’anatomie du fossile.
Ils ont découvert que l’insecte possédait un appareil stridulatoire complexe, composé d’une lime et d’un grattoir sur ses ailes antérieures, qui lui permettait de produire des sons en les frottant l’un contre l’autre.
Les chercheurs ont également reconstitué le signal acoustique de l’insecte en mesurant les dimensions et l’espacement des dents sur la lime.
Ils ont découvert que l’insecte produisait un chant pur avec une fréquence d’environ 6,4 kHz, qui se situe dans la portée de l’audition humaine.
Cependant, le chant avait également une forte composante ultrasonore, avec des harmoniques atteignant jusqu’à 50 kHz, ce qui est au-delà de la portée auditive de la plupart des mammifères, mais dans la plage d’écholocation des chauves-souris.
Les chercheurs ont suggéré que l’insecte utilisait son chant ultrasonique comme une forme de camouflage acoustique, pour éviter d’être détecté par les chauves-souris et autres prédateurs qui utilisent le son pour localiser leurs proies.
Ils ont également proposé que l’insecte utilise son chant pur comme signal d’accouplement, pour attirer les femelles de la même espèce.
La course aux armements évolutive
L’étude fournit la première preuve directe de la production d’ultrasons chez les insectes fossiles et montre que les katydidés utilisent cette stratégie depuis longtemps dans leur histoire évolutive.
Les chercheurs ont également comparé l’insecte fossile avec ses parents vivants et ont découvert qu’il appartenait à une ancienne lignée qui s’est éloignée des Katydidés modernes il y a environ 200 millions d’années.
Les chercheurs ont fait valoir que l’évolution de la production d’ultrasons chez les katydidés était due à la course aux armements coévolutive entre les insectes et les chauves-souris, apparue à la fin du Jurassique, il y a environ 160 millions d’années.
Les chauves-souris sont connues pour être les principaux prédateurs des katydidés et utilisent l’écholocation pour les chasser dans l’obscurité. Les Katydidés, à leur tour, ont développé diverses adaptations pour échapper à la prédation des chauves-souris, telles que la détection par ultrasons, le vol évasif et le camouflage acoustique.
Les chercheurs ont conclu que l’insecte fossile dans l’ambre révèle les batailles évolutives de l’Europe ancienne, lorsque les insectes et les chauves-souris étaient engagés dans une guerre sonore qui façonnait leur diversité et leur survie.
Ils ont également suggéré que l’insecte fossile représente un nouveau genre et une nouvelle espèce de katydid et l’ont nommé Archaboilus musicussignifiant « ancienne belle chanteuse ».
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