L’industrie pétrolière et gazière est l’un des principaux contributeurs aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, en particulier le méthane, qui est un puissant agent de réchauffement.
Cependant, certaines entreprises prennent des mesures pour relever ce défi et aligner leurs opérations sur les objectifs de l’Accord de Paris.
Lors des négociations climatiques COP28 de l’ONU à Dubaï samedi, 50 sociétés pétrolières et gazières représentant 40 % de la production mondiale se sont engagées à décarboner leurs opérations d’ici 2050.
À quoi s’engagent les entreprises ?
Les entreprises qui ont signé cet engagement sont membres de l’Oil and Gas Climate Initiative (OGCI), une alliance volontaire de 13 grandes sociétés pétrolières et gazières qui vise à accélérer la transition de l’industrie vers un avenir à faibles émissions de carbone.
Les membres de l’OGCI comprennent BP, Chevron, Eni, Equinor, ExxonMobil, Occidental, Petrobras, Repsol, Shell, Saudi Aramco, TotalEnergies, CNPC et Reliance Industries.
L’engagement couvre les émissions opérationnelles des entreprises, également appelées émissions de portée 1 et 2, qui sont les émissions directes de leurs propres activités et les émissions indirectes de l’électricité qu’elles utilisent.
Les entreprises se sont engagées à réduire l’intensité carbone de leurs émissions opérationnelles de 50 % d’ici 2030 et à atteindre zéro émission nette d’ici 2050.
Pour atteindre ces objectifs, les entreprises mettront en œuvre diverses mesures, telles que l’augmentation de l’efficacité énergétique, la réduction du torchage et de l’évacuation, le déploiement de technologies de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CCUS), l’investissement dans les énergies renouvelables et l’hydrogène et la compensation des émissions restantes par la nature. solutions basées sur les technologies.
Les entreprises se sont également engagées à rendre compte de leurs progrès chaque année et à faire vérifier leurs données d’émissions par des tiers indépendants.
Pourquoi cet engagement est-il important ?
L’engagement des membres de l’OGCI est significatif à plusieurs titres.
Premièrement, cela montre que l’industrie pétrolière et gazière répond à la pression croissante des investisseurs, des régulateurs, des clients et de la société civile pour agir contre le changement climatique.
Cet engagement fait suite à une série d’événements marquants cette année, tels que la décision d’un tribunal néerlandais selon laquelle les plans de Shell visant à réduire l’intensité carbone sont inadéquats, les votes des actionnaires d’Exxon et de Chevron qui ont exigé davantage d’actions climatiques de la part des entreprises, et l’annonce par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) selon laquelle aucun nouveau gisement de pétrole et de gaz ne devrait être développé si le monde veut atteindre zéro émission nette d’ici 2050.
Deuxièmement, cet engagement démontre que l’industrie pétrolière et gazière est disposée à collaborer et à partager les meilleures pratiques pour atteindre un objectif commun.
Les membres de l’OGCI représentent environ 30 % de la production mondiale de pétrole et de gaz et 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’énergie.
En travaillant ensemble, ils peuvent tirer parti de leur taille, de leur expertise et de leurs ressources pour accélérer le déploiement de solutions à faibles émissions de carbone et influencer le reste de l’industrie et la chaîne de valeur.
Troisièmement, cet engagement contribue aux efforts mondiaux visant à limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, comme le stipule l’Accord de Paris.
Selon le PNUE, le secteur pétrolier et gazier est responsable d’environ 15 % des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie et de 40 % des émissions mondiales de méthane.
Le méthane est un gaz à effet de serre particulièrement puissant, avec un potentiel de réchauffement 84 fois supérieur à celui du CO2 sur 20 ans.
La réduction des émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier constitue donc l’un des moyens les plus rentables et les plus immédiats d’atténuer le changement climatique.
Cependant, l’engagement des membres de l’OGCI ne suffit pas à prendre en compte l’impact global de l’industrie pétrolière et gazière sur le climat.
L’engagement ne couvre pas les émissions liées à l’utilisation de leurs produits, également connues sous le nom d’émissions de portée 3, qui représentent environ 85 % des émissions totales de l’industrie.
Certains membres de l’OGCI, comme BP, Shell et TotalEnergies, ont déjà fixé des objectifs de zéro net pour leurs émissions Scope 3, mais d’autres, comme ExxonMobil et Chevron, ne l’ont pas fait.
De plus, l’engagement n’aborde pas la question de l’expansion de la production pétrolière et gazière, ce qui est incompatible avec le scénario zéro émission nette de l’AIE.
Par conséquent, même si l’engagement des membres de l’OGCI constitue une étape bienvenue, il ne suffit pas à aligner l’industrie pétrolière et gazière sur l’objectif de 1,5 degré.
L’industrie doit faire davantage pour réduire ses émissions tout au long de la chaîne de valeur, éliminer progressivement les combustibles fossiles et investir dans des alternatives énergétiques propres. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’industrie pourra jouer un rôle positif dans la transition vers une économie carboneutre.
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