Les abeilles mellifères sont des pollinisateurs essentiels qui contribuent à la production de nombreuses cultures et plantes. Cependant, ils sont également confrontés à de multiples menaces, telles que la perte d’habitat, les parasites, les maladies et les pesticides.
Parmi ceux-ci, les pesticides sont particulièrement préoccupants, car ils peuvent altérer la capacité des abeilles à communiquer entre elles à l’aide de signaux chimiques.
Le rôle de l’odorat dans la société des abeilles mellifères
Les abeilles domestiques vivent dans des communautés complexes et dynamiques, où elles échangent constamment des informations à l’aide de produits chimiques qui servent d’indices sociaux.
Ces produits chimiques, appelés phéromones, peuvent véhiculer divers messages, comme le besoin de nourriture, la présence d’un danger ou la qualité d’un partenaire potentiel.
Par exemple, les abeilles nourrices, chargées de prendre soin des larves qui deviendront reines ou ouvrières, utilisent des phéromones pour suivre le développement et les besoins nutritionnels des larves.
Les larves émettent des phéromones de couvain pour indiquer qu’elles ont faim et qu’elles ont besoin d’être nourries. De même, les abeilles ouvrières produisent des phéromones d’alarme pour avertir leurs nids de la présence d’un intrus ou d’un prédateur.
Pour percevoir ces phéromones, les abeilles mellifères s’appuient sur leur odorat, médié par leurs antennes.
Les antennes contiennent des cellules sensorielles capables de détecter différentes odeurs et d’envoyer des signaux électriques au cerveau. Le cerveau traite ensuite ces signaux et déclenche des réponses comportementales appropriées.
Par exemple, lorsqu’une abeille sent la phéromone d’alarme, elle devient plus alerte et agressive, prête à défendre la colonie.
L’impact des pesticides et des adjuvants sur l’odeur des abeilles
Les pesticides sont des produits chimiques utilisés pour lutter contre les parasites, tels que les insectes, les champignons ou les mauvaises herbes, qui peuvent nuire aux cultures ou aux plantes.
Cependant, les pesticides peuvent également avoir des effets involontaires sur des organismes non ciblés, comme les abeilles domestiques.
En particulier, les pesticides peuvent interférer avec l’odorat des abeilles, ce qui peut perturber leurs signaux sociaux et affecter le fonctionnement de leur colonie.
L’une des façons dont les pesticides peuvent affecter l’odeur des abeilles est d’endommager directement leurs antennes ou leurs cellules sensorielles.
Cela peut réduire la capacité des abeilles à détecter ou à distinguer différentes odeurs, ou altérer leur sensibilité à certaines odeurs.
Par exemple, une étude menée par des chercheurs de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign a révélé que l’exposition à un insecticide couramment utilisé, appelé Altacor, réduisait la réponse des abeilles aux phéromones du couvain, ce qui pourrait altérer leur comportement d’allaitement.
Les pesticides peuvent également affecter l’odeur des abeilles en interagissant avec d’autres produits chimiques utilisés en combinaison avec eux.
Ces produits chimiques, appelés adjuvants, sont ajoutés aux formulations de pesticides pour améliorer leur efficacité ou leur application. Les adjuvants peuvent augmenter le caractère « collant » du pesticide, de sorte qu’il reste plus longtemps sur les plantes.
Cependant, les adjuvants peuvent également avoir des effets néfastes sur les abeilles, seuls ou en combinaison avec des pesticides ou des fongicides. La même étude menée par des chercheurs de l’Illinois a révélé que l’exposition à un adjuvant couramment utilisé, appelé Dyne-Amic, réduisait la réponse des abeilles aux phéromones d’alarme, ce qui pourrait affecter leur comportement défensif.
Les chercheurs ont également découvert que l’exposition à un mélange de Dyne-Amic, d’Altacor et d’un fongicide appelé Tilt avait un effet synergique, ce qui signifie que la combinaison était plus nocive que la somme de ses parties.
Le mélange réduit la réponse des abeilles aux phéromones de couvain et d’alarme, ainsi qu’aux odeurs florales, ce qui pourrait affecter leur comportement de recherche de nourriture.
Les chercheurs ont conclu que ces pesticides et adjuvants couramment utilisés peuvent interférer avec la communication des abeilles domestiques en affectant leur odorat.
Ils suggèrent que davantage d’études sont nécessaires pour comprendre comment ces produits chimiques interagissent et influencent les abeilles, et pour développer des alternatives plus sûres capables de protéger à la fois les cultures et les pollinisateurs.
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