Cinq nouvelles espèces de vipères à cils découvertes en Colombie et en Équateur

Les forêts nuageuses de Colombie et d’Équateur abritent une faune sauvage parmi les plus diverses et les plus fascinantes de la planète.

Parmi eux se trouvent les vipères à cils, un groupe de serpents venimeux connus pour leurs couleurs et motifs saisissants, ainsi que pour leurs écailles distinctives en forme de cils au-dessus de leurs yeux.

Ces vipères ont longtemps été considérées comme une seule espèce très variable, avec plus de 20 formes de couleurs différentes allant du jaune vif au vert foncé.

Cependant, une étude récente menée par une équipe de scientifiques de la Fondation Khamai a révélé qu’il existe en réalité cinq espèces distinctes de vipères à cils, chacune possédant ses propres caractéristiques génétiques et morphologiques.

Une rencontre fortuite

L’histoire de cette découverte a commencé par une rencontre fortuite en 2014, lorsque l’un des scientifiques, le Dr Omar Torres-Carvajal, a été mordu par une vipère à cils alors qu’il effectuait des travaux de terrain en Équateur.

La morsure n’a pas mis sa vie en danger, mais elle a éveillé sa curiosité quant à l’identité et à la diversité de ces serpents. Il a décidé de collecter des échantillons de tissus de diverses vipères à cils en Colombie et en Équateur et d’analyser leur ADN à l’aide de techniques moléculaires.

Le Dr Torres-Carvajal a également examiné leur morphologie, comme le nombre d’écailles, les motifs de couleur et la taille du corps, à l’aide de photographies et de spécimens de musée.

Ce qu’il a découvert était étonnant : les vipères à cils qu’il a échantillonnées appartenaient à cinq lignées évolutives différentes, chacune divergeant d’un ancêtre commun il y a plus de 10 millions d’années.

Ces lignées correspondaient à cinq régions géographiques distinctes, séparées par de grands fleuves, montagnes et vallées. De plus, chaque lignée avait ses propres motifs de couleurs et caractéristiques morphologiques, telles que la forme et la taille de la tête et des cils.

Le Dr Torres-Carvajal et ses collègues ont conclu que ces lignées représentaient cinq nouvelles espèces de vipères à cils, qu’ils ont nommées et décrites dans un article publié dans la revue Evolutionary Systematics.

Un défi aux classifications précédentes

La découverte de ces nouvelles espèces remet en question la classification précédente des vipères à cils, qui reposait sur des similitudes superficielles et supposait un degré élevé de variation au sein d’une même espèce.

La nouvelle étude montre que la variation de couleur et de motif n’est pas aléatoire, mais reflète plutôt l’histoire évolutive et l’adaptation de chaque espèce à son habitat et à son environnement spécifiques.

Par exemple, certaines espèces ont des couleurs plus énigmatiques qui se fondent dans la végétation, tandis que d’autres ont des couleurs plus voyantes qui avertissent les prédateurs potentiels de leur venin.

Certaines espèces ont une tête plus grosse et des crocs plus longs qui leur permettent de s’attaquer à des animaux plus gros, tandis que d’autres ont des têtes plus petites et des crocs plus courts qui conviennent mieux aux proies plus petites.

La nouvelle étude souligne également l’importance d’utiliser plusieurs sources de preuves, telles que l’ADN, la morphologie et la géographie, pour délimiter et identifier les espèces, en particulier dans les groupes très variables et peu étudiés.

Les auteurs espèrent que leurs travaux inspireront de nouvelles recherches et efforts de conservation sur les vipères à cils et autres reptiles et amphibiens qui habitent les forêts nuageuses de Colombie et d’Équateur, qui comptent parmi les écosystèmes les plus menacés au monde en raison de la déforestation, du changement climatique et activités humaines.

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