La forêt boréale, également connue sous le nom de taïga, est une vaste étendue de conifères qui s’étend sur tout l’hémisphère nord et couvre certaines parties de l’Alaska, du Canada, de la Scandinavie et de la Sibérie.
Il s’agit du plus grand biome terrestre du monde, représentant 30 % de la superficie forestière mondiale et 20 % du carbone stocké dans les forêts.
Il abrite également des millions d’oiseaux migrateurs et des mammifères emblématiques comme l’ours brun, l’orignal et le lynx.
Cependant, cet écosystème unique est confronté à des menaces sans précédent liées au changement climatique, qui réchauffe la région plus rapidement que la moyenne mondiale.
À mesure que les températures augmentent, la forêt boréale subit des changements importants qui pourraient avoir de profondes implications sur sa biodiversité, son stockage de carbone et son rôle dans la régulation du climat mondial.
La forêt boréale se déplace vers le nord, mais pas assez vite
L’un des effets les plus visibles du changement climatique sur la forêt boréale est le changement de son aire géographique.
À mesure que le climat se réchauffe, la forêt devrait s’étendre vers le nord, colonisant des zones auparavant trop froides pour la croissance des arbres.
Cela pourrait augmenter la superficie forestière et le stockage de carbone, ainsi que fournir de nouveaux habitats à la faune.
Cependant, l’expansion de la forêt boréale vers le nord a été plus lente et plus inégale que ne le prévoyaient les modèles.
Une étude récente de Logan Berner et ses collègues a utilisé des données satellitaires et des observations sur le terrain pour montrer que la forêt boréale n’a pas beaucoup progressé au-delà de sa limite nord historique au cours des trois dernières décennies.
Les auteurs suggèrent que cela est dû au fait que la forêt est limitée par d’autres facteurs que la température, tels que l’humidité du sol, les nutriments, le feu et le pergélisol.
Pendant ce temps, la forêt boréale recule plus rapidement que prévu à sa lisière sud, où elle est remplacée par des forêts et des prairies tempérées.
Cela est dû à une combinaison de facteurs tels que la sécheresse, les incendies, les ravageurs et les activités humaines. La perte de forêt boréale à la limite sud pourrait réduire la superficie forestière et le stockage de carbone, ainsi qu’affecter la diversité et la répartition des espèces.
La forêt boréale perd son pergélisol, le plus grand puits de carbone au monde
L’impact le plus critique et le plus incertain du changement climatique sur la forêt boréale est le sort du pergélisol, la couche de sol gelée qui recouvre la majeure partie de la région boréale.
Le pergélisol contient de grandes quantités de matière organique accumulées au fil des milliers d’années et représente le plus grand puits de carbone au monde, stockant plus de carbone que l’atmosphère et la végétation réunies.
Il est sensible aux changements de température, d’humidité et de couverture végétale, et peut dégeler ou se dégrader lorsque ces facteurs changent.
La dégradation du pergélisol peut avoir des conséquences importantes sur la forêt boréale et le climat mondial, en modifiant l’hydrologie, l’écologie et la biogéochimie de la région boréale.
Par exemple, la dégradation du pergélisol peut provoquer la formation d’éléments thermokarstiques, comme des étangs, des lacs et des zones humides, qui peuvent affecter l’équilibre hydrique, la biodiversité et les flux de carbone de la forêt boréale.
De plus, la dégradation du pergélisol peut également provoquer la libération de gaz à effet de serre, tels que le dioxyde de carbone et le méthane, issus de la décomposition de la matière organique présente dans le pergélisol, ce qui peut accélérer le réchauffement climatique.
L’étendue et le taux de dégradation du pergélisol dans la forêt boréale sont très incertains et dépendent des interactions et des rétroactions entre le climat, la végétation et le sol.
Certaines études prévoient que jusqu’à 70 % du pergélisol de la région boréale pourrait disparaître d’ici la fin du siècle, tandis que d’autres suggèrent que le pergélisol pourrait persister ou même s’étendre selon certains scénarios.
Les effets de la dégradation du pergélisol sur la forêt boréale et sur le climat mondial sont également incertains et dépendent de l’équilibre entre les sources et les puits de carbone dans la région boréale.
Certaines études estiment que la forêt boréale pourrait devenir une source nette de carbone d’ici le milieu du 21e siècle, tandis que d’autres ont indiqué qu’elle pourrait demeurer un puits net de carbone jusqu’à la fin du siècle.
La forêt boréale est un système complexe et dynamique qui subit des changements rapides et sans précédent en raison du changement climatique.
Ces changements pourraient avoir de profondes implications sur la biodiversité, le stockage du carbone et la régulation climatique de la forêt boréale, ainsi que sur les moyens de subsistance et le bien-être des personnes qui en dépendent.
Comprendre et prédire les réponses et les réactions de la forêt boréale aux changements climatiques constitue un défi scientifique majeur et une priorité mondiale.
Article associé: Le changement climatique déplace la forêt boréale vers le nord