Les dirigeants des compagnies des eaux risquent une interdiction de bonus pour déversements illégaux d’eaux usées en Angleterre

L’eau est essentielle à la vie, mais c’est aussi une ressource précieuse et limitée. Nous comptons sur les compagnies des eaux pour nous fournir de l’eau propre et salubre, mais que se passe-t-il si elles font le contraire ?

Et s’ils déversaient des eaux usées brutes dans nos rivières et nos ruisseaux, nuisant ainsi à la faune et à la santé humaine, tout en se récompensant par de lourds bonus ?

C’est la réalité choquante qui a été révélée par une enquête récente sur l’industrie de l’eau en Angleterre et au Pays de Galles.

Le rapport révèle que les hauts dirigeants des compagnies des eaux ont reçu 26 millions de livres sterling de paiements supplémentaires au cours des quatre dernières années, bien qu’ils soient responsables de rejets illégaux d’eaux usées qui violent les lois et réglementations environnementales.

Le scandale du débordement des eaux usées

Le problème des débordements d’eaux usées n’est pas nouveau, mais il est devenu plus fréquent et plus grave ces dernières années. Le débordement des eaux usées se produit lorsque la capacité du système d’égouts est dépassée, généralement en raison de fortes pluies ou de blocages.

Lorsque cela se produit, les eaux usées non traitées sont rejetées dans l’environnement par les conduites d’évacuation, contournant ainsi les stations d’épuration.

Selon l’Agence de l’Environnement, les compagnies des eaux sont autorisées à évacuer les eaux usées dans des circonstances exceptionnelles, telles que des événements météorologiques extrêmes, afin d’éviter les inondations et les dommages aux infrastructures.

Ils sont cependant tenus de signaler ces incidents et de surveiller leur impact sur la qualité de l’eau et l’écologie.

L’enquête a toutefois révélé que les compagnies des eaux abusent de ce système et l’utilisent régulièrement pour éviter d’investir dans la modernisation et l’entretien de leurs réseaux.

Ils ont également sous-estimé et dissimulé l’étendue et la fréquence de leurs rejets d’eaux usées, qui se produisent des milliers de fois par an, parfois pendant des heures ou des jours.

Les conséquences de cette négligence sont dévastatrices pour l’environnement et la santé publique.

Les débordements d’eaux usées polluent les cours d’eau avec des bactéries, virus, parasites, produits chimiques et plastiques nocifs, ce qui constitue une menace sérieuse pour la vie aquatique et la biodiversité.

Cela augmente également le risque de maladies d’origine hydrique, telles que la gastro-entérite, l’hépatite et la typhoïde, pour les personnes qui utilisent l’eau à des fins récréatives ou de consommation.

L’indignation des paiements de bonus

L’indignation du public face au comportement des compagnies des eaux a été amplifiée par la révélation selon laquelle elles récompensent leurs dirigeants avec de généreuses primes, malgré leurs mauvaises performances et leurs crimes environnementaux.

L’enquête a révélé que cinq des onze compagnies des eaux impliquées dans le scandale des eaux usées ont versé à leurs cadres supérieurs 26 millions de livres sterling de paiements supplémentaires au cours des quatre dernières années, en plus de leurs salaires et retraites.

Ces primes étaient censées être liées aux performances des entreprises, notamment à leurs normes environnementales et de service client.

Cependant, l’enquête a révélé que les entreprises avaient manipulé leurs objectifs et leurs critères pour garantir que leurs dirigeants recevaient le maximum de paiements, quelles que soient leurs réalisations réelles.

La réaction publique et politique contre cette pratique a été rapide et féroce.

Les militants, notamment les groupes environnementaux, les organismes de surveillance des consommateurs et les partis politiques, ont appelé à la fin de la culture des bonus dans le secteur de l’eau et ont exigé que les dirigeants soient tenus responsables de leurs actes.

Ils soutiennent que les compagnies des eaux ne devraient pas être autorisées à tirer profit de la pollution de l’eau publique et que cet argent devrait être investi dans l’amélioration de leurs services et de leurs infrastructures.

L’avenir de la régulation de l’eau

Le gouvernement a répondu à la pression du public et a annoncé une nouvelle politique visant à interdire les primes accordées aux dirigeants des compagnies des eaux qui supervisent les rejets illégaux d’eaux usées.

La politique, soutenue par le secrétaire à l’Environnement, Steve Barclay, entrera en vigueur au cours de l’exercice 2024-25 et s’appliquera à toute compagnie des eaux reconnue coupable d’actes criminels de pollution de l’eau.

Cette politique vise à envoyer un message clair à l’industrie de l’eau selon laquelle elle doit mettre de l’ordre dans ses pratiques et qu’elle devra faire face à de graves conséquences si elle ne le fait pas.

Cela fait également partie d’une réforme plus large du système de régulation de l’eau, qui vise à améliorer la transparence, la responsabilité et l’efficacité du secteur de l’eau.

L’industrie de l’eau s’est toutefois montrée réticente à cette politique et a soutenu qu’elle était injuste et contre-productive. Ils affirment que cette politique compromettra leur capacité à attirer et à retenir les talents et qu’elle les dissuadera d’investir dans l’innovation et la durabilité.

Ils contestent également l’exactitude et la validité des conclusions de l’enquête et insistent sur leur engagement à protéger l’environnement et à servir leurs clients.

https://www.youtube.com/watch?v=igEzxg30oz4

Article associé: L’évacuation des eaux usées dans les rivières et les mers d’Angleterre a été portée devant un tribunal supérieur par des militants

Photo of author

L'équipe Pacte Climat

Pacte pour le Climat
Newsletter Pacte pour le Climat