Le saumon trouve de nouvelles frayères dans les rivières arctiques à mesure que le climat se réchauffe, selon une étude

Le saumon est l’une des espèces de poissons les plus emblématiques au monde, connu pour sa remarquable capacité à retourner dans ses rivières natales pour frayer après avoir passé des années dans l’océan.

Cependant, tous les saumons ne suivent pas ce modèle. Certains d’entre eux s’éloignent vers de nouveaux habitats, surtout lorsque leurs habitats d’origine changent en raison du changement climatique.

C’est ce que confirment des chercheurs de l’Université d’Alaska à Fairbanks (UAF) dans une étude récente : les saumons frayent dans les rivières arctiques qui se jettent dans l’océan Arctique, une région auparavant trop froide et inhospitalière pour eux.

Comment les chercheurs l’ont-ils découvert ?

Les chercheurs souhaitaient explorer la possibilité d’une colonisation du saumon dans le bassin versant de l’océan Arctique, qui couvre environ 40 % de la superficie de l’Alaska.

Ils ont été motivés par un atelier organisé en décembre 2022, au cours duquel des scientifiques, des membres de la communauté et des pêcheurs autochtones ont discuté du nombre croissant de saumons observés dans l’océan Arctique et de leur origine possible.

Les chercheurs se sont concentrés sur le bassin versant de la rivière Colville, situé à environ 60 milles au sud-ouest de Prudhoe Bay.

La rivière Colville est la plus grande rivière qui se jette dans l’océan Arctique depuis l’Alaska. Les chercheurs ont échantillonné deux de ses affluents : les rivières Anaktuvuk et Itkillik, situées dans les montagnes de la chaîne Brooks.

Les chercheurs ont utilisé une combinaison de méthodes pour étudier les rivières, notamment la pêche électrique, la pêche au filet maillant, la plongée en apnée et l’échantillonnage de l’ADN environnemental (ADNe). Ils ont également collecté des données sur la température de l’eau, l’oxygène dissous, la conductivité et le pH.

L’étude a révélé la présence d’environ 100 saumons kéta dans les rivières Anaktuvuk et Itkillik à la mi-septembre 2023.

Tous les poissons étaient en train de frayer activement ou avaient fini de frayer dans des sites où les eaux souterraines semblaient couler vers la surface.

Ces sites avaient des températures d’eau plus chaudes et plus stables que les zones environnantes, ce qui est essentiel à la reproduction du saumon.

L’ADNe du saumon kéta a également été détecté dans les rivières et le saumon rose de la rivière Anaktuvuk.

L’ADNe est le matériel génétique que les organismes laissent dans leur environnement, comme les cellules de la peau, les squames ou les excréments. Il peut être utilisé pour identifier la présence et la diversité des espèces aquatiques sans les capturer ni les observer directement.

Les chercheurs ont confirmé que ces saumons n’étaient pas des évadés d’écloseries ou d’installations aquacoles, car ils ne portaient aucune marque ou étiquette externe.

Ils ont également exclu la possibilité que ces saumons aient été transportés par des humains ou des animaux, puisqu’il n’y avait ni route ni sentier à proximité des sites d’échantillonnage.

Qu’est-ce que cela signifie pour le saumon et l’Arctique ?

La découverte de ces saumons suggère qu’au moins certaines espèces de saumon pourraient s’étendre vers de nouveaux territoires à mesure que le changement climatique remodèle leur habitat.

L’Arctique se réchauffe plus rapidement que toute autre région de la Terre, ce qui affecte l’hydrologie, l’écologie et la biogéochimie de ses rivières et lacs.

Certains de ces changements pourraient créer des conditions plus favorables à la colonisation du saumon, comme des saisons sans glace plus longues, des températures de l’eau plus élevées, une disponibilité accrue de nutriments et une salinité réduite.

Cependant, tous les changements ne sont pas bénéfiques pour le saumon. Certains d’entre eux pourraient poser des défis ou des menaces, comme une variabilité et une imprévisibilité accrues des débits d’eau, des niveaux d’oxygène dissous plus faibles, une acidité et une turbidité plus élevées, une compétition et une prédation accrues de la part des espèces indigènes et envahissantes, ainsi qu’une exposition à des contaminants et des agents pathogènes.

Les chercheurs ont souligné que ces saumons ne sont pas nécessairement des résidents permanents des rivières arctiques.

Il pourrait s’agir de visiteurs de passage qui ne permettraient pas d’établir des populations autonomes. Ils pourraient également être des indicateurs de stress écologique ou de perturbation de leurs habitats d’origine.

Les chercheurs ont demandé davantage d’études pour surveiller et comprendre la dynamique et les impacts de la colonisation du saumon dans l’Arctique.

Ils ont reconnu que ces saumons ne sont pas nouveaux pour les peuples de l’Arctique qui y vivent depuis des milliers d’années.

Selon eux, les connaissances et observations autochtones constituent des sources d’information précieuses pour étudier la répartition et l’abondance du saumon dans l’Arctique.

Ils espéraient que leurs découvertes pourraient contribuer à un dialogue collaboratif entre les scientifiques et les communautés sur la manière de gérer et de conserver les ressources en saumon dans un Arctique en évolution.


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