Le Rio Grande est l’un des fleuves les plus longs et les plus importants d’Amérique du Nord, fournissant de l’eau à des millions de personnes et à la faune sauvage des deux côtés de la frontière entre les États-Unis et le Mexique.
Mais le fleuve est confronté à une menace sérieuse liée au changement climatique, à la surexploitation et aux conflits politiques qui pourraient le laisser à sec et sans vie.
Comment le changement climatique et les activités humaines drainent le fleuve
Le Rio Grande prend sa source dans les Rocheuses du Colorado et coule sur environ 3 060 kilomètres jusqu’à ce qu’il atteigne le golfe du Mexique.
En chemin, il forme la frontière entre le Texas et le Mexique, où il est connu sous le nom de Río Bravo del Norte. Les noms anglais et espagnol de la rivière signifient respectivement « grand » et « rugueux ».
Mais la rivière ne porte pas bien son nom.
Ces dernières années, le Rio Grande a rétréci en raison de la sécheresse, des températures élevées et de la réduction du manteau neigeux dans son bassin supérieur.
Selon une étude de l’US Geological Survey, le débit du fleuve a diminué d’environ 25 % depuis 2000.
Le fleuve est également fortement exploité par les activités humaines, telles que l’agriculture, l’industrie et le développement urbain.
Les États-Unis et le Mexique partagent les eaux du fleuve et de ses affluents en vertu d’un traité signé en 1944.
Cependant, le traité ne tient pas compte des effets du changement climatique ou de la croissance démographique, qui ont accru la demande en eau dans les deux pays.
Le traité attribue à chaque pays des parts spécifiques d’eau provenant à la fois du cours principal du fleuve et de ses affluents au Texas et au Mexique.
L’une des principales sources de conflit est la livraison aux États-Unis de l’eau de six affluents mexicains, qui doit totaliser quelque 76 millions de pieds cubes (2,2 millions de mètres cubes) sur chaque période de cinq ans.
Le Mexique n’a souvent pas rempli ses obligations en raison de la sécheresse et du manque d’eau sur son propre territoire.
Par exemple, en octobre 2020, le Mexique avait un déficit d’environ 12 millions de pieds cubes (340 000 mètres cubes) qu’il a dû rembourser aux États-Unis avant la fin du cycle.
Cela a déclenché des protestations et des violences de la part des agriculteurs mexicains qui craignaient de perdre leurs droits à l’eau.
Comment la crise de l’eau affecte les personnes et la nature le long de la frontière
La crise de l’eau sur le Rio Grande a de graves conséquences sur les populations et la nature le long de la frontière.
De nombreuses communautés dépendent du fleuve pour leur eau potable, leur irrigation, leurs loisirs et leur identité culturelle.
La rivière abrite également une riche biodiversité de plantes et d’animaux, y compris des espèces en voie de disparition telles que le méné argenté du Rio Grande et le moucherolle des saules du sud-ouest.
Cependant, ces communautés et écosystèmes risquent de perdre leur source d’eau à mesure que la rivière s’assèche ou devient polluée.
Par exemple, en août 2020, le Rio Grande s’est asséché à Albuquerque pour la première fois en quatre décennies en raison d’une sécheresse persistante.
Cela a réduit l’habitat et la disponibilité de nourriture pour les poissons et la faune, ainsi que la qualité de vie des résidents.
Un autre exemple est celui des colonies, qui sont des communautés frontalières urbaines et rurales avec des infrastructures médiocres et un accès limité aux services de base.
Ces communautés dépendent souvent de puits souterrains ou de camions-citernes pour leur approvisionnement en eau, qui peuvent être contaminés ou coûteux.
Certaines colonies n’ont pas d’eau courante, ce qui oblige les habitants à utiliser des seaux ou des bouteilles pour puiser l’eau des sources voisines.
La crise de l’eau affecte également les agriculteurs et les villes du sud du Texas et du nord du Mexique, qui se disputent l’eau rare du Rio Grande.
Les agriculteurs ont besoin d’eau pour cultiver des cultures telles que le coton, le maïs, la canne à sucre et les agrumes, qui sont vitales pour leurs moyens de subsistance et pour l’économie locale. Les villes ont besoin d’eau pour répondre aux besoins de leur population et de leurs industries croissantes.
Cependant, les agriculteurs comme les villes sont confrontés à des pénuries d’eau et à des restrictions qui limitent leur production et leur développement.
Par exemple, en 2020, les agriculteurs du Texas n’ont reçu qu’environ 3 % de leur allocation normale d’irrigation du Rio Grande en raison des faibles niveaux des réservoirs.
Des villes comme El Paso et Ciudad Juárez ont mis en œuvre des mesures de conservation de l’eau et investi dans des sources alternatives telles que des usines de dessalement.
Comment la coopération et l’innovation peuvent sauver le fleuve
Le Rio Grande n’est pas seulement une frontière, c’est un fleuve en crise qui nécessite une action urgente de la part des deux pays.
Les États-Unis et le Mexique doivent coopérer plus étroitement pour gérer leurs ressources en eau partagées de manière durable et équitable.
Cela signifie réviser ou mettre à jour le traité pour refléter les conditions et les défis actuels, ainsi que résoudre les différends par le dialogue et la diplomatie.
Les deux pays doivent également investir dans l’innovation et l’adaptation pour faire face aux impacts du changement climatique et de la pénurie d’eau.
Cela inclut le développement de nouvelles technologies et pratiques susceptibles de réduire la consommation d’eau et d’augmenter l’efficacité de l’eau, comme l’irrigation goutte à goutte, la récupération de l’eau de pluie et la réutilisation des eaux usées.
Cela implique également de restaurer et de protéger l’environnement naturel qui soutient la santé de la rivière, comme les zones humides, les forêts et les plaines inondables.
Le Rio Grande est une bouée de sauvetage vitale pour des millions de personnes et d’animaux sauvages des deux côtés de la frontière. En travaillant ensemble, les États-Unis et le Mexique peuvent garantir que le fleuve continue de couler et de prospérer pour les générations à venir.
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