Que reste-t-il des arguments du climatoscepticisme ?

Revenons sur quelques antiennes de la rhétorique climatosceptique. Certains arguments font appel au bon sens, mais ne résistent pas à une analyse précise. Comme l’affirmation « le climat a toujours varié », qui est bien sûr exacte, mais la fulgurance et l’intensité du changement climatique en cours sont tout à fait inédites, qu’on prenne un recul de 2 000 ou de 10 000 ans, voire bien au-delà. De même, l’idée simple du « trop petit pour nuire », selon laquelle une quantité aussi infime de gaz à effet de serre, même si elle augmente beaucoup en proportion, ne pourrait pas expliquer un réchauffement aussi important, n’a aucune valeur scientifique.

D’autres arguments consistent à nier l’effet du CO2 anthropique en attribuant le réchauffement observé à d’autres causes, par exemple aux cycles solaires. Or, dans les dernières décennies, il est aisé de trouver des périodes où la luminosité solaire diminue tandis que le réchauffement s’amplifie. En outre, ses variations au sommet de l’atmosphère sont extrêmement faibles ; il faudrait donc trouver un mécanisme amplificateur de ces variations pour qu’elles expliquent l’évolution des températures. Des chercheurs ont proposé l’hypothèse suivante : le rayonnement cosmique solaire pouvait permettre la formation d’aérosols qui sont des noyaux de condensation pour les nuages. Une expérience développée au Cern dans les années 1990, baptisée Cloud, a infirmé l’existence d’un tel effet amplificateur. Le clou final planté dans le cercueil de cette hypothèse est qu’elle suppose que ces variations de l’intensité lumineuse réchauffent aussi bien la stratosphère que la troposphère . Or, les observations montrent un refroidissement de la stratosphère , tandis que la troposphère se réchauffe, ce qui est la signature de l’intensification de l’effet de serre par nos émissions de CO2.

Un autre argument climatosceptique est d’expliquer l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère par d’autres causes que la combustion des ressources fossiles, en particulier le dégazage des océans qui se réchauffent. Outre le fait qu’à l’échelle globale, l’océan se comporte comme un puits de CO2, c’est-à-dire qu’il en absorbe bien plus qu’il n’en relargue, puisqu’il s’acidifie, ce mécanisme de dégazage lié au réchauffement libère des quantités négligeables de CO2 par rapport aux émissions anthropiques. Ce seul processus serait responsable de 2 ppm sur les quarante dernières années tandis que, dans le même temps, la combustion des réserves fossiles a ajouté près de 40  ppm au réservoir atmosphérique. Un autre raisonnement faux s’appuie sur les cycles glaciaires/interglaciaires pour conclure que le CO2 ne joue qu’un rôle passif dans les changements climatiques. Ainsi, le cycle du carbone ne ferait que suivre l’évolution climatique pilotée par la variation des paramètres orbitaux. Pourtant, il a été montré que, sans l’amplification créée par le transfert du CO2 du réservoir océanique au réservoir atmosphérique, et donc par un effet de serre accru, les calottes de glace qui couvrent l’Europe et l’Amérique du Nord ne pourraient pas fondre.

Le poids des arguments des climatosceptiques, la plupart du temps portés par des non-spécialistes, est donc faible par rapport à ceux de la communauté d’experts mobilisée dans le cadre du GIEC. Il ne faudrait pas pour autant croire que le combat est gagné. Le fait que le président de la nation la plus puissante du monde, Donald Trump, considère que le changement climatique est une « chimère chinoise » montre qu’il y a du chemin à faire pour que les citoyens et les électeurs comprennent et s’approprient ces connaissances afin d’agir et de s’adapter au mieux.

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