Comment a varié le climat depuis deux mille ans ?

Depuis soixante-dix ans, grâce aux instruments in situ, nous enregistrons, souvent en continu, des données climatiques partout sur la planète. Près des sols avec les stations météo, dans les profondeurs des océans à l’aide de milliers de bouées instrumentées (température, salinité, courants, acidité…), dans la colonne atmosphérique à l’aide de ballons-sondes (températures, pression, vents, aérosols…). Depuis cinquante ans, nous y ajoutons un déluge de données en provenance des satellites météo et d’observation de la Terre. Températures, nuages, niveau marin, étendue et volume des glaces, couverture végétale… rien ne leur échappe. Néanmoins, le recul temporel de ces instruments très précis est trop court pour savoir si nous vivons une période inédite de réchauffement climatique à l’échelle historique, disons depuis deux mille ans. Encore sans réponse précise en 1990, dans le premier rapport du GIEC, cette question est aujourd’hui résolue.

Un lent et patient travail en effet a permis de développer pour cette période des indicateurs fiables des températures de surface des océans et de la basse atmosphère. Plus de 700 reconstructions de températures ont été publiées, fondées sur les cernes d’arbres, les pollens, les carottes marines et glaciaires, des indicateurs issus des tourbières, des grottes et des fonds des lacs. Ces indicateurs sont désormais assez nombreux et précis pour que les spécialistes puissent comparer des simulations du climat des deux mille dernières années avec ces reconstructions. Ce travail montre que, depuis deux mille ans, les modulations de la température moyenne de la planète sont demeurées de très faible intensité par rapport à l’élévation des températures de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle. Même en remontant jusqu’à l’Empire romain, les changements climatiques restent limités et régionaux. L’Europe bénéficie certes d’un léger réchauffement des températures annuelles au cours d’une période appelée « optimum médiéval », entre le Xe et le XIVe siècle, puis subit un refroidissement marqué du XVIe au XIXe siècle, appelé «  petit âge glaciaire  ». Ces évolutions ont eu un effet régional marqué mais, à l’échelle planétaire, les fluctuations restent mineures comparées à l’évolution récente des températures.

Les simulations numériques mobilisées pour déterminer les causes de ces petites variations mettent bien en évidence l’impact du volcanisme lors de refroidissements ponctuels, en revanche, l’impact des variations d’intensité lumineuse du Soleil semble assez faible. L’analyse de cette base de données et des simulations numériques associées ne montre que de faibles fluctuations climatiques comparées à la fulgurance et à l’amplitude du changement climatique en cours qui sont donc tout à fait inédits, au moins pour les deux mille dernières années.

La température planetaire depuis 2000 ans
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