De l’ADN de rhinocéros laineux de Sibérie provenant de la période glaciaire trouvé dans les crottes fossilisées d’une ancienne hyène

À partir des crottes fossilisées des hyènes de la période glaciaire, les scientifiques ont pu obtenir l’ADN des rhinocéros laineux de Sibérie. Qu’est-ce que cela signifie en termes de faune et de changement climatique ?

ADN de la période glaciaire dans des échantillons de coprolite

Une équipe de recherche allemande, composée de paléontologues, d’évolutionnistes et de géoscientifiques, a réussi à extraire l’ADN de rhinocéros laineux de la période glaciaire à partir d’échantillons d’excréments fossilisés, connus sous le nom de coprolites, trouvés dans deux grottes de la Lone Valley en Allemagne. Ces échantillons de coprolite ont été laissés par d’anciennes hyènes, connues pour s’attaquer à divers grands animaux, notamment les rhinocéros laineux. L’étude visait à faire la lumière sur l’histoire du rhinocéros laineux européen, une espèce distincte de la variété sibérienne.

Malgré une grave dégradation de l’ADN, l’équipe a réussi à isoler et à assembler le génome mitochondrial d’un rhinocéros laineux, ce qui constitue une réussite révolutionnaire. Leur analyse a révélé que les rhinocéros laineux d’Europe et de Sibérie se sont séparés d’un ancêtre commun il y a environ 45 000 ans. Les génomes mitochondriaux, présents dans les mitochondries, la « centrale électrique de la cellule », sont hérités de la mère d’un organisme et sont plus résistants à la dégradation que l’ADN nucléaire.

Ils jouent un rôle crucial dans la recherche de l’ascendance et fournissent des informations essentielles sur l’histoire évolutive de ces anciens rhinocéros laineux, améliorant ainsi notre compréhension de ces géants de la période glaciaire et de leur lignée génétique.

Rhinocéros laineux de Sibérie

Le rhinocéros laineux (Coelodonta antiquitatis), une espèce importante de la mégafaune eurasienne du Pléistocène, a prospéré en Eurasie jusqu’à son déclin il y a environ 10 000 ans. Les données génomiques des populations européennes manquaient auparavant, les données existantes provenant uniquement des populations sibériennes. Cependant, une équipe de recherche a utilisé des coprolites de hyènes des cavernes des grottes allemandes de Bockstein-Loch et de Hohlenstein-Stadel pour isoler et assembler les premiers génomes mitochondriaux de rhinocéros laineux européens, ainsi que les génomes mitochondriaux de hyène.

Ces échantillons de coprolite contenaient des séquences significatives provenant à la fois de la hyène des cavernes (couverture du mitogenome de 27 % et 59 %) et du rhinocéros laineux (couverture de 27 % et 81 %). Bien que la dégradation de l’ADN limite certaines conclusions, il est évident que les populations européennes de rhinocéros laineux sont génétiquement distinctes de leurs homologues sibériennes. L’analyse suggère une division de la population, potentiellement alignée sur les premiers enregistrements fossiles de rhinocéros laineux en Europe.

Cette étude met en évidence le potentiel sous-exploré de l’étude des excréments fossilisés pour retracer l’ascendance de créatures anciennes, fournissant ainsi des informations précieuses sur la mégafaune emblématique du Pléistocène.

Coprolite et implications du changement climatique sur la faune

Les recherches indiquent que la divergence entre ces deux populations a coïncidé avec l’apparition de fossiles de rhinocéros laineux dans les archives européennes. Peter Seeber, auteur de l’étude, a souligné l’importance de ces résultats pour comprendre notre passé ancien et leur pertinence potentielle dans le contexte actuel, en particulier face à la crise climatique actuelle.

Des informations sur la dynamique des (sous-)espèces qui ont disparu, probablement en raison du changement climatique, peuvent aider à prédire l’avenir des populations sauvages existantes. Les changements climatiques posent diverses menaces à la faune de nos parcs, la hausse des températures affectant leurs taux de survie en modifiant la disponibilité de nourriture et le succès de reproduction, et en perturbant les habitats naturels dans les parcs de la région de la capitale nationale.

À mesure que les plantes s’adaptent aux changements de température, la faune est confrontée à de nouveaux défis, notamment celui de trouver des sources de nourriture appropriées. Certaines espèces peuvent prospérer dans des conditions plus chaudes, supplantant d’autres et introduisant potentiellement des espèces envahissantes susceptibles de nuire aux communautés indigènes. L’impact du changement climatique sur les écosystèmes souligne l’importance d’étudier le passé pour éclairer les efforts de conservation présents et futurs.

Photo of author

L'équipe Pacte Climat

Pacte pour le Climat
Newsletter Pacte pour le Climat