Y aura-t-il des guerres à cause du climat ?

Cette question est déjà l’objet de controverses virulentes. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a déclaré en 2007 que le conflit dans la région soudanaise du Darfour (300 000 morts et 2,5 millions de personnes déplacées depuis 2003) était « la première crise due au changement climatique ». Pour certains experts du Proche-Orient, l’une des causes de la guerre civile en Syrie serait la sécheresse que le pays a subie en 2008. Un chercheur a même tenté de prédire le nombre de morts en Afrique subsaharienne en lien avec le réchauffement climatique. Et des chefs d’armées ont déjà avancé les risques de déstabilisation et de tensions dus aux risques climatiques pour demander… plus de crédits militaires. Mais ces thèses ont été battues en brèche par des analyses détaillées qui ont mis en évidence les causes économiques, sociales, politiques et religieuses de ces conflits.

Pour autant, les crises engendrées par le changement climatique risquent bien de provoquer des tensions entre groupes sociaux et entre pays. En Afrique subsaharienne, une part des fondements des guerres actuelles est liée à la concurrence pour les terres, avivée par le changement climatique. Les migrations massives que déclenchera la hausse du niveau marin sont susceptibles de dégénérer en affrontements entre populations, voire entre pays limitrophes. Et surtout, la très forte inégalité dans les causes et les conséquences du changement climatique peuvent être la source de conflits entre États si des dirigeants politiques l’utilisent pour tourner la colère des populations vers l’étranger.

En 2014, lors de la préparation de la COP 21, le G7 avait avalisé un rapport identifiant sept menaces pour la paix liées au changement climatique : la compétition pour l’accès aux ressources locales, les migrations climatiques, les catastrophes et événements météorologiques extrêmes, la volatilité des prix de l’alimentation et les difficultés d’approvisionnement, la gestion des eaux transfrontalières, l’élévation du niveau des mers et la dégradation littorale, les effets non intentionnels des politiques climatiques.

Ces menaces ne se traduiront pas nécessairement en guerres, car ces dernières supposent que des pouvoirs politiques et militaires les engagent. Parler de « guerres du climat » reviendrait à les dédouaner de leurs responsabilités, et à masquer les objectifs qu’ils poursuivraient en déclenchant de tels conflits militaires. Il serait donc plus juste de parler de guerres « au prétexte du climat » si elles surviennent.

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