Dès le premier rapport du GIEC, des lobbys industriels ont engagé le fer contre les climatologues, en dénigrant leur travail et en répandant le doute sur leurs conclusions. Avec les industriels du charbon et des constructeurs automobiles, des pétroliers (Shell, Texaco, BP…) financent des campagnes mensongères en direction du public en y consacrant des dizaines de millions de dollars tandis que des pays pétroliers, arabes en particulier, constituent le Conseil climatique global dans le même objectif.
Depuis 1992, le climatoscepticisme fait entendre sa voix dans les médias, les librairies, et dans la bouche de responsables politiques de premier plan… mais aussi de quelques scientifiques. Parmi les champions de la négation du changement climatique ou de sa cause identifiée par les climatologues – l’intensification de l’effet de serre –, on compte plusieurs présidents des États-Unis d’Amérique (les Bush, Donald Trump), d’autres chefs d’État ou de gouvernement comme Bolsonaro au Brésil. En France, l’ex-président Nicolas Sarkozy, lors de la campagne des primaires à droite pour l’élection de 2017, avait lancé : « Cela fait 4,5 milliards d’années que le climat change, l’homme n’est pas le seul responsable. »
En France, si la plupart des responsables politiques admettent les résultats des climatologues tels qu’ils sont synthétisés par le GIEC, certains n’hésitent pas, par électoralisme, à les contester. Mais les porte-parole les plus efficaces du climatoscepticisme sont curieusement issus de quelques laboratoires… où l’on n’étudie absolument pas le climat. Les plus célèbres sont l’ancien géochimiste Claude Allègre, qui fut ministre de l’Éducation nationale et de la Recherche dans le gouvernement de Lionel Jospin entre 1997 et 2000, et son bras droit le géophysicien Vincent Courtillot. Accusant avec virulence les climatologues de tenir un discours « mensonger » et d’être guidés par « l’appétit d’argent » et de « notoriété », les deux scientifiques ont multiplié livres, interventions à la radio et à la télévision et articles de presse pour répandre ces calomnies.
Ils ont souvent été pris en flagrant délit d’erreurs grossières – la plus amusante consistant à oublier que la Terre est ronde et qu’elle renvoie vers l’espace une part du rayonnement solaire, ce qui rend les calculs de Vincent Courtillot totalement faux et lui valut d’être surnommé « Chevalier de la Terre noire et plate » par des climatologues américains. Mais ils se sont aussi rendus coupables de mensonges éhontés (« le réchauffement climatique s’est arrêté en 1998 »). Et même pire, puisque le livre L’Imposture climatique de Claude Allègre contient des graphiques prétendument tirés de revues scientifiques mais dont les titres et les contenus ont été falsifiés. Ces actes graves ont suscité la colère des chercheurs victimes de ces manipulations qu’ils ont qualifiées de « contraires à l’éthique » de la science.
Claude Allègre et Vincent Courtillot ont pourtant obtenu un succès médiatique important en 2010 grâce aux directions de journaux et de rédactions en chef (Le Point et David Pujadas à l’époque à France 2 notamment). Or, 2010 est justement l’année où la part des Français doutant du changement climatique et de l’importance de chercher à y remédier atteint son maximum dans les enquêtes sociologiques réitérées chaque année par l’Ademe entre 2000 et 2019.