Les épisodes caniculaires vont se multiplier, à toutes les latitudes. Dans les pays tropicaux – en Afrique subsaharienne, en Inde, en Chine du Sud, en Amérique latine –, il sera courant de dépasser les 50 °C durant l’été en zones rurale et urbaine. Même en climat tempéré, comme en France, les épisodes caniculaires semblables à ceux de 2003 ou juin 2019 pourront voir les températures atteindre 50 °C d’ici la fin du siècle.
Or, les impacts de la chaleur ne sont pas linéaires, proportionnels à l’élévation des températures : on la tolère jusqu’à une certaine valeur et, brutalement, on ne la supporte plus. Car il existe des valeurs seuils (température et humidité) au-delà desquelles les effets sanitaires deviennent importants (déshydratation, hyperthermie, troubles cardiovasculaires, maladies respiratoires). Les vagues de chaleur se traduiront par des épisodes de mortalité massive pour les personnes vulnérables – enfants, personnes âgées, malades – partout où il ne sera pas possible de leur offrir un espace refroidi par la technologie. En 2003, en 20 jours, la canicule a provoqué environ 15 000 décès excédentaires relativement à la moyenne en France, au point de submerger certaines morgues, et environ 20 000 en Italie.
Dans les villes, les effets des vagues de chaleur seront amplifiés partout où les bâtiments et les sols artificialisés (routes, parking…) n’auront pas été protégés contre l’impact solaire direct et construits avec des matériaux qui absorbent et stockent la chaleur. Les bâtis en béton, les routes bitumées, les toits peu isolés thermiquement : toutes ces techniques aujourd’hui hégémoniques se transformeront en pièges à chaleur. Les jours passant, les nuits ne suffiront plus à refroidir les masses chaudes qui en résulteront et le phénomène s’amplifiera.
Les capacités de production des travailleurs seront fortement affectées, notamment en extérieur : travaux agricoles, chantiers de construction ou de réparation, travaux publics, dès lors que les températures atteindront des seuils trop pénibles voire dangereux pour la santé. Dans certaines régions tropicales, les périodes où le thermomètre interdit toute activité extérieure s’allongeront au point de les rendre si inhospitalières que des migrations massives sont à craindre si l’on ne reste pas sous le seuil d’augmentation de la température globale de 2 °C.
Les pays et populations disposant de ressources financières et techniques pourront les mobiliser pour adapter leurs infrastructures, bâtiments, équipements industriels et domestiques à ces vagues de chaleur, parfois avec toute la démesure que permet la richesse financière, comme lorsque le Qatar imagine de climatiser des rues pour la Coupe du monde de football. Cela sera beaucoup plus difficile pour les autres qui seront impactés par le réchauffement climatique.