Puisque la France pèse 1 % de la population, que peut-elle faire ?

L’argument est souvent avancé par des militants climatosceptiques. Pourquoi agir puisque notre avenir climatique dépend surtout des autres ? Ce raisonnement est absurde : il pourrait être tenu par tout le monde, dès lors que l’on ne prend en considération qu’une petite partie de la population mondiale. À ce compte, aucune action visant un objectif planétaire ne pourrait être engagée. Mais, au-delà du non-sens d’une telle affirmation, l’action de la France pèsera bien plus que son poids démographique mondial.

La première raison tient à l’appartenance de la France à l’Union européenne qui, certes, n’est pas un État mais coordonne de plus en plus les politiques de ses États membres dans des domaines décisifs pour l’action climatique. L’Union européenne agit en tant qu’acteur important dans les négociations de la Convention Climat de l’ONU. Elle négocie les accords commerciaux internationaux, et peut agir pour que les critères climatiques (et aussi sociaux et environnementaux) soient pris en compte dans les traités. Les quotas d’émissions de gaz à effet de serre des grandes industries sont fixés à ce niveau. Taxer le kérosène afin de décourager l’usage des avions lorsqu’ils sont concurrencés par le train pourrait être une décision prise à l’intérieur de l’Union européenne. La politique agricole est pour l’essentiel européenne, et donc également les décisions indispensables pour transformer l’agriculture afin de renforcer les puits de carbone des sols. L’Union européenne établit toute une série de réglementations dont l’effet climatique est important, comme les contraintes fixées aux constructeurs de véhicules sur la performance des moteurs.

Le rôle de la France dans l’Union européenne peut participer à entraîner, ou pas selon la politique choisie, un ensemble de plus de 500 millions d’habitants, riches, disposant de technologies modernes et d’une science de pointe vers une politique climatique rigoureuse. En outre, l’Union est plutôt pauvre en ressources fossiles. Le pétrole et le gaz de la mer du Nord sont sur une pente déclinante. Et si les réserves de charbon de l’Allemagne ou de la Pologne sont abondantes, la décision politique d’organiser la fin de leur exploitation a déjà été prise, même si le rythme auquel elle est mise en œuvre peut sembler trop lent.

Mais il existe encore plusieurs sujets sur lesquels la France peut jouer un rôle dépassant son poids démographique. L’étendue de ses terres cultivées et de ses forêts en fait un cas d’école pour la transformation de l’agriculture. Or elle dispose de moyens de recherche importants pour tester et valider des techniques – comme l’agroforesterie qui consiste à planter des arbres à intervalles réguliers dans les champs de grandes cultures – utiles dans l’action climatique et transposables ailleurs. La technologie de l’électricité nucléaire qu’elle maîtrise peut faciliter la transition énergétique de l’Union européenne en fournissant une électricité complémentaire des énergies renouvelables intermittentes à ses voisins. Et si d’autres pays souhaitent recourir à cette électricité décarbonée, son industrie est susceptible de les y aider, comme le montre la construction en cours de deux réacteurs EPR au Royaume-Uni sur le site de Hinkley Point.

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