Pourquoi et comment aider les pays pauvres ?

La responsabilité des pays anciennement industrialisés dans le changement climatique leur confère une obligation morale d’aider les populations pauvres qui en seront les principales victimes. C’est ce que stipule la Convention Climat. Cette assistance doit se diriger dans deux directions : s’adapter – en diminuant leur vulnérabilité face aux risques climatiques – et atténuer le changement climatique grâce à un développement économique et social le plus sobre possible en émissions de gaz à effet de serre. Sans cette seconde action, leurs efforts pour se développer feront appel en priorité aux énergies fossiles et amplifieront donc la menace climatique. L’aide des nations les plus riches passe par différents canaux : aide bilatérale (entre deux pays), multilatérale, Banque mondiale, Green Climate Fund, financement pour la sauvegarde des forêts (REDD), etc.

En 2009, lors de la COP 15 à Copenhague, les pays développés prennent l’engagement de porter leur aide aux pays les plus vulnérables à 100 milliards de dollars par an (83 milliards d’euros) à l’horizon 2020, et l’Accord de Paris confirme ce chiffre en 2015. De son côté la Banque mondiale annonce en décembre 2018 un plan de financement de 200 milliards de dollars pour la période 2020-2025. Ils seront consacrés la construction de logements, d’écoles, de système d’alerte météo, de protection sociale, de production d’électricité éolienne et solaire, ou investis dans une agriculture adaptée aux évolutions du climat, et une gestion durable de l’eau.

Pourtant, malgré ces promesses, l’ONG Oxfam dénonce l’« habillage climat » de nombreux financements dont l’objectif réel est une activité économique. Après avoir nettoyé les financements accordés en ne conservant que les objectifs climatiques avérés, Oxfam ne parvient qu’à une somme de 21 milliards de dollars au maximum en 2016, dont environ 20 % seulement sont utilisés pour l’adaptation, c’est-à-dire pour encourager des actions qui protègent les populations contre les dégâts climatiques.

Si cette aide publique est importante, notamment pour l’adaptation, la réorientation des flux d’investissements privés (l’épargne des habitants des pays riches et les investissements directs des entreprises) vers les activités et technologies sobres en carbone dans les pays pauvres ou en développement constitue en réalité le principal défi. Si des économistes proposent la mise en place de systèmes de garanties publiques à de tels investissements, cela ne pourra être obtenu qu’avec des systèmes de taxation décourageant l’usage des énergies fossiles et favorisant les technologies propres.

Mais l’un des enjeux principaux de cette aide réside dans l’urbanisation de l’Afrique. Aujourd’hui, elle se fait dans le chaos et en général sans planification. Or, si l’on veut que ses futures villes ne soient pas fortement émettrices de gaz à effet de serre, c’est dès leur émergence qu’il faudra agir afin que les choix d’urbanisme favorisent les solutions sobres en carbone pour la construction et le contrôle thermique des bâtiments, les transports, la récupération des déchets (y compris organiques à utiliser comme engrais pour l’agriculture). Ces solutions exigent une importante organisation collective et des investissements très lourds, aujourd’hui peu envisageables sans une aide extérieure importante.

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