Pourquoi est-il si difficile de se passer du pétrole ?

Aux débuts de son exploitation, le pétrole est surtout utile pour… se passer des graisses et huiles animales. Pour s’éclairer, c’est l’époque du « pétrole lampant ». Et, surtout, les lubrifiants sont nécessaires aux machines de la révolution industrielle pour permettre aux composants métalliques en interaction – les pistons par exemple – de bien glisser les uns sur les autres. Auparavant, cette fonction de lubrification était assurée par des graisses et huiles animales, dont celle des baleines chassées industriellement, et portées au bord de l’extinction. Le pétrole va fournir en abondance et à bas prix ces matières indispensables à la mécanisation du monde.

Puis c’est en tant que carburant que cette ressource devient la matière énergétique dominante, des fiouls lourds des navires ou des centrales électriques au kérosène des avions, en passant par l’essence et le gazole des voitures et des camions. Mettre 50 litres d’essence dans un moteur, c’est s’assurer une puissance équivalente à celle de la force physique de 1 000 hommes travaillant dur toute la journée. Bien sûr, le bois aussi peut fournir de l’énergie en brûlant. Mais environ 14 MJ/kg, contre 36 MJ/kg pour le fioul et 27 MJ/kg pour le charbon. En outre, faire fonctionner un moteur de voiture ou d’avion directement avec du bois et du charbon n’est pas vraiment possible, sauf si on transforme le charbon en combustible liquide ou gazeux, ce qui accroît encore les émissions de CO2 au kilomètre parcouru. Les performances des carburants pétroliers sont telles que les marines militaires et certaines sociétés de chemins de fer passent du charbon au pétrole dès la Première Guerre mondiale, à l’époque où le King Coal domine encore le monde de l’énergie.

C’est le pétrole qui, avec la création d’un réseau routier bitumé (un produit pétrolier) maillant le monde entier, a fait pénétrer les techniques et l’énergie fossile jusque dans le moindre recoin de la planète. Il se transporte facilement, coulant par gravité sur longue distance ou dans une machine du réservoir à la chambre de combustion du moteur, ce qui entraîne la dissémination dans le monde entier de machines, grosses ou petites, dont le moteur fonctionne avec un dérivé de cette énergie. Aujourd’hui, plus d’1,5 milliard de véhicules routiers à pétrole circulent sur la planète, ils émettent environ 6 milliards de tonnes de CO2, soit près de 19 % du total des émissions anthropiques de dioxyde de carbone.

Il existe bien sûr une alternative à tous ces usages pour de nombreuses machines, fixes ou mobiles : le moteur électrique. Encore faut-il que ses performances techniques, dont l’autonomie, soient satisfaisantes. Et, surtout, que l’électricité dont il a besoin soit générée avec une technologie qui n’émet pas ou très peu de CO2 et ne contribuent pas au réchauffement climatique : énergies renouvelables, centrales thermiques dont on capte le dioxyde de carbone émis pour le stocker en sous-sol, ou électro-nucléaire…

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