Pourquoi doit-on décarboner l’électricité ?

L’électricité représente près de 40 % des émissions mondiales de CO2. La raison ? Les milliers de centrales électriques au charbon (40 % de l’électricité produite), au gaz naturel (22 %) et au pétrole. En outre, elle est le vecteur énergétique dont la croissance est la plus rapide, en lien avec l’urbanisation du monde et l’utilisation massive des technologies informatiques et des réseaux numériques. Plus encore, le moteur électrique apparaît comme une alternative possible au moteur thermique, utilisant les carburants pétroliers ou le gaz, pour les véhicules. Sa croissance future promet donc d’être vigoureuse à l’échelle mondiale, alors que près d’un milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité chez elles. En France, les objectifs d’électrification des transports visent 100 % de voitures neuves électriques en 2040.

C’est pourquoi le secteur électrique est particulièrement ciblé par les experts du GIEC. Ils écrivent dans le rapport 2014 : « La décarbonation de la production d’électricité est un composant essentiel des stratégies d’atténuation rentables pour atteindre des niveaux de concentrations bas (430-530 ppm CO2eq) ; dans la plupart des scénarios de modèles intégrés, la décarbonation survient plus rapidement dans la production d’électricité que dans les secteurs de l’industrie, du bâtiment et des transports (éléments disponibles : moyens, degré de cohérence : élevé). Dans la majorité des scénarios à stabilisation basse, la part de la production d’électricité bas carbone (y compris énergie renouvelable, nucléaire et Capture et stockage du carbone [CSC]) augmente à partir de la part actuelle d’environ 30 % à plus de 80 % en 2050, et la génération d’énergie à partir de combustible fossile sans CSC est supprimée quasi complètement d’ici 2100. »

Pour le GIEC, si l’on veut atteindre les objectifs climatiques, il est urgent de fermer des centrales à charbon et à gaz et de les remplacer par des sources décarbonées, ou alors de les doter de dispositifs de capture du CO2 avant ou après la combustion, puis de stocker ce gaz en sous-sol pour des siècles. Et surtout de ne pas engager la construction de nouvelles centrales à énergies fossiles.

Les alternatives pour obtenir de l’électricité bas carbone sont variées et leur usage dépend des conditions locales, géographiques, techniques, économiques et sociales. L’hydraulique est la plus répandue et possède un potentiel important en Afrique. Les énergies solaire et éolienne sont en vive croissance grâce aux baisses des coûts de production. Le recours à la biomasse et aux déchets urbains s’est développé, ainsi que la géothermie. L’énergie nucléaire offre une possibilité de production massive adaptée aux économies développées, aux métropoles et aux réseaux électriques étendus. Des technologies qui sont encore à développer utilisent les courants marins, les marées.

À l’échelle mondiale, les rapports du GIEC montrent que c’est cette panoplie qu’il faut déployer pour atteindre les objectifs climatiques. En revanche, à celle de chaque système électrique, cela peut être très différent et il s’agira plutôt de favoriser, défavoriser ou interdire l’une ou plusieurs de ces technologies. Par exemple, la Norvège ou le Québec affichent une électricité presque totalement décarbonée grâce à l’hydraulique seule, mais la Suède ou la France ont besoin d’un mix nucléaire/hydraulique/solaire/vent pour y parvenir.

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