Peut-on capturer et stocker le CO2 produit par les usines ?

Dans nombre des scénarios analysés par le groupe 3 du GIEC qui permettent d’atteindre l’objectif des 2 °C, une part significative de l’effort est représentée par une technique appelée « capture et stockage du carbone », dite CSC. Elle consiste à capturer le CO2 émis lors de la combustion d’énergies fossiles (charbon, gaz ou pétrole) dans une usine (sidérurgie, cimenterie) ou une centrale électrique pour ainsi limiter le réchauffement climatique. Puis à stocker ce CO2 pour une très longue durée dans une formation géologique. L’AIE estime le potentiel de cette technique à 20 % des efforts de réduction des émissions mondiales en 2050.

Cette idée repose sur trois technologies qui existent déjà, et sur une connaissance géologique. Les scientifiques savent en effet que certaines formations géologiques peuvent stocker de très grandes quantités de CO2. Ce sont des aquifères (eaux souterraines) non utilisables pour l’alimentation en eau potable ou pour l’agriculture parce que trop salés, des gisements épuisés de pétrole et de gaz et des veines de charbon non exploitées. L’étanchéité est assurée par une ou plusieurs couches géologiques imperméables au CO2 situées au-dessus de ce dernier, et un scellement des puits d’injection en fin d’exploitation.

Les technologies ? D’abord, la capture du CO2 qui peut s’effectuer de trois façons. À l’aide d’un solvant, extraire le dioxyde de carbone des gaz issus d’une combustion classique à l’air. Opérer la combustion à l’oxygène pur, ce qui permet de récupérer le CO2 par une simple déshydratation du gaz qui en est issu. Ou gazéifier le combustible, puis séparer le CO2 et récupérer l’hydrogène pour faire fonctionner une turbine. Ensuite, transporter le CO2 par gazoduc, une pratique courante. Enfin, l’injecter sous pression dans le sous-sol à l’endroit où il sera stocké naturellement.

L’ensemble de ces technologies existe, puisque quelques exemples de capture et de stockage ont déjà été réalisés. L’un des plus anciens se trouve sur la plate-forme de forage pétrolier de Sleipner, en mer du Nord, la compagnie pétrolière ayant calculé que l’opération serait moins coûteuse que la taxe sur l’émission de CO2. Ce dernier est donc séparé des gaz issus du forage et réinjecté dans un aquifère salin situé à côté du gisement de pétrole. Quant à la société Total, elle a réalisé une expérience temporaire à partir d’une petite chaudière industrielle à oxycombustion : le CO2 a été injecté dans le gisement de gaz de Lacq, en Pyrénées-Atlantiques, dont l’exploitation a été abandonnée en raison de son épuisement.

Mais cette technologie se heurte à plusieurs difficultés. La capture du CO2 présente d’abord un coût élevé et nécessite de l’énergie et de l’eau. Il faut ensuite trouver et qualifier chaque site de stockage possible pour vérifier son étanchéité de long terme. Enfin, cette idée peut représenter un prétexte à un refus d’engager les politiques de réduction des usages des énergies fossiles, ce qui explique les oppositions qu’elle suscite. Aujourd’hui, la CSC semble une impasse plus qu’une solution. Il demeure que si les centrales à charbon et à gaz actuelles et en projet sont exploitées jusqu’à leur fin de vie technique, installer la CSC sur une part importante de ces centrales sera indispensable pour ne pas dépasser les 2 °C.

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