Manquera-t-on d’eau ?

Cette question peut sembler étrange puisque la quantité d’eau que contient l’atmosphère sera amplifiée par son réchauffement. Mais cette augmentation ne sera pas observée partout et des régions entières – les subtropiques arides en particulier – verront leurs pluies diminuer. Lorsque ces régions sont habitées et que les besoins en eau de leurs populations – souvent en croissance pour l’agriculture, les usages sanitaires et l’alimentation – seront menacés par le niveau des ressources, la crise hydrique sera inéluctable.

Or, certaines régions connaissent déjà un stress hydrique, une situation définie par une disponibilité en eau inférieure à 1 700 m3 par an et par personne. Pas moins du quart de la population mondiale se trouve déjà dans ce cas. Plus encore, les trois quarts des habitants des pays arabes vivent en dessous du seuil de pénurie (1 000 m3 par habitant et par an), et près de la moitié disposent de moins de 500 m3, en Égypte et en Libye notamment. Une situation qui ne peut être améliorée par un prélèvement plus important d’eau dans l’environnement : dans dix-sept États – le Qatar, Israël, le Liban, l’Iran, la Jordanie, la Libye, le Koweït, l’Arabie Saoudite, l’Érythrée, les Émirats arabes unis, Saint-Marin, Bahreïn, le Pakistan, le Turkménistan, Oman, le Botswana et l’Inde –, l’agriculture, l’industrie et les municipalités absorbent 80 % des eaux de surface disponibles et du renouvellement des eaux souterraines lors d’une année moyenne. Dans certaines régions (nord-ouest de l’Inde, Andalousie…), le pompage de l’eau des nappes phréatiques pour l’agriculture se fait à un rythme supérieur à leur approvisionnement par les pluies. Leur niveau baisse donc inexorablement, interdisant de les considérer comme des ressources renouvelables.

Or, dans la plupart de ces pays, les simulations informatiques montrent que la quantité d’eau apportée par les pluies devrait diminuer. C’est d’ailleurs le cas tout autour de la Méditerranée. Deux régions, Moyen-Orient et Maghreb, sont particulièrement concernées, alors qu’elles hébergent des populations en croissance et que leurs besoins en eau augmentent. La diminution des recharges des nappes phréatiques concerne également des zones du sud-ouest de l’Afrique (Angola, Namibie, ouest de l’Afrique du sud), le nord-est du Brésil, l’ouest de l’Australie ou la Turquie.

Si l’on excepte les pays qui pourraient dessaler de grandes quantités d’eau de mer pour l’utiliser – ce qui suppose de le faire avec des sources d’énergie décarbonées et non avec des énergies fossiles (pétrole et gaz) –, la seule action possible pour faire face à cette menace sera une gestion extrêmement économe de l’eau afin d’éviter tout gaspillage, tant pour l’agriculture que pour les usages domestiques et industriels.

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