Les slogans lors des manifestations de jeunes inquiets de la menace climatique pour leur vie, les cris d’alarme lancés par des personnalités publiques, et parfois les propos de scientifiques vont jusqu’à affirmer que la survie de l’espèce humaine est en jeu. Il s’agit là d’une exagération qui pourrait bien être contre-productive pour la mobilisation des sociétés.
Si la survie d’une espèce est en cause, c’est que l’on craint son extinction totale. C’est le cas pour de nombreuses espèces animales et végétales en raison de l’impact des actions humaines sur les écosystèmes, par l’occupation des sols pour l’agriculture ou les villes, des pollutions de toutes sortes répandues partout sur la Terre, de la destruction des niches écologiques, de la chasse ou de la pêche sans limites… Nous avons ainsi déclenché une sixième extinction de masse des espèces, aussi foudroyante que les cinq grandes crises connues de l’histoire de la vie sur Terre depuis 500 millions d’années, dues à des glaciations massives, des méga-éruptions volcaniques ou la chute d’un astéroïde.
Toutefois, il semble impossible que le changement climatique puisse se transformer en menace d’extinction de l’espèce humaine. Même les projections les plus extrêmes, avec une température moyenne s’élevant de 6 °C, un emballement de la fonte des glaces polaires, des territoires se muant en déserts infernaux, des migrations forcées en nombre… tout cela pourrait faire souffrir et mourir des dizaines de millions d’êtres humains. Ce serait une faillite grave de nos sociétés, puisque nous sommes parfaitement informés des dangers qui nous menacent.
Agiter un danger inexistant n’a jamais été la bonne méthode pour mobiliser contre les risques réels que les sociétés doivent affronter. Il serait étonnant que cela devienne le cas pour relever le défi climatique qui suppose de modifier notre trajectoire énergétique afin de construire un monde vivable à 9 milliards d’êtres humains.
