Les économies d’énergie pourraient-elles être suffisantes ?

Les rapports du GIEC notent qu’économiser l’énergie et améliorer l’efficacité énergétique des équipements constitue une réponse efficace et indispensable au défi climatique. Dans les scénarios qui respectent l’objectif des 2 °C, ils représentent même l’effort principal à accomplir, baptisé « sobriété énergétique ». Tous les équipements consommateurs d’énergie sont concernés : moteurs, procédés industriels, éclairage, production de chaud et froid ou matériaux et modes de construction pour le contrôle thermique des bâtiments.

Une voiture des années 1950, sans aérodynamisme favorisant la pénétration de l’air et avec des moteurs peu économes d’un carburant jugé peu cher et inépuisable, peut afficher du 15 litres aux 100 kilomètres quand un véhicule sobre actuel peut viser facilement la moitié, voire le quart de cette consommation… à condition de ne pas rouler trop vite.

Les procédés industriels, qui consomment en France le quart de l’énergie et le tiers de l’électricité, ont fait de très gros progrès dans ce domaine. D’après l’Ademe, l’intensité énergétique de l’industrie nationale a diminué de 50 % entre 1990 et 2014. Le contrôle thermique des bâtiments en est un exemple majeur puisque les émissions qui en résultent peuvent représenter jusqu’au quart du total de la consommation d’énergie pour un pays développé. En outre, la climatisation des bâtiments d’habitation et de commerce dans les pays chauds se développe dès que les ressources financières le permettent. Construire ou rénover l’existant en recherchant une haute performance thermique grâce aux matériaux isolants est donc un objectif souvent présenté comme prioritaire.

La sobriété énergétique peut provenir d’un simple calcul économique. L’énergie coûte ; moins on en consomme, moins on dépense. Cet argument est un levier puissant, accentué par des taxes sur les énergies carbonées, tant pour les producteurs que pour les consommateurs.

Les économistes mettent cependant l’accent sur deux problèmes relatifs à la sobriété énergétique. D’une part, la nécessité d’aider les consommateurs peu fortunés à effectuer l’investissement initial, parfois élevé pour rénover tout un immeuble, avec des prêts à taux très bas, gagés sur les économies futures. Et d’autre part, le fameux effet rebond. Lorsqu’une technologie devient moins chère car plus performante, le nombre de gens susceptibles de l’acquérir s’accroît. La diffusion des voitures ou de l’électroménager après 1950 en Europe s’explique certes par des revenus croissants, mais aussi par la diminution du prix des objets. À l’échelle mondiale, avec des milliards de personnes encore pauvres ou très pauvres, le potentiel de l’effet rebond est gigantesque. La diminution des prix de la climatisation pourrait ainsi provoquer son extension rapide dans les pays tropicaux. Certes, les équipements seront plus performants, mais l’augmentation de leur nombre se traduira par une consommation d’énergie totale grandement accrue. C’est pourquoi les économies d’énergie ne peuvent suffire : il faut les accompagner par la décarbonation de l’économie.

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