Le Climategate a-t-il mis en cause le GIEC ?

En 2010, une formidable campagne de dénigrement du GIEC a été lancée par les lobbys climatosceptiques. Elle diffuse les mensonges habituels, mais s’appuie également sur quelques erreurs dans les rapports 2007 du GIEC, baptisées Climategate par les détracteurs du réchauffement climatique.

Des erreurs, certes, mais peu importantes. Ainsi, une affirmation erronée du rapport complet du groupe 2 prétend que les glaciers de l’Himalaya disparaîtront en 2035. Une méprise dont l’origine est obscure – elle provient d’un rapport du Fond mondial pour la nature et non d’un article scientifique – mais qui est immédiatement corrigée dans le résumé technique de ce rapport et dans son résumé pour décideurs. Autre inexactitude pointée du doigt par les climatosceptiques, des données météo chinoises… sauf qu’il s’agit de chiffres présentés par quelques stations de l’est de la Chine il y a quarante ans, publiées dans un article de 1990 et dont la correction ne produit quasiment aucun effet sur une courbe des températures mondiales. Cette affaire a conduit le GIEC à durcir ses méthodes de travail et à ne fonder ses rapports que sur des articles scientifiques parus dans des revues dont le comité de lecture, approuvant ou refusant les publications, est un gage de sérieux.

Cette campagne de dénigrement a fait également une exploitation malhonnête de courriels échangés entre scientifiques, piratés sur le site de l’université d’East Anglia, probablement par des hackers russes. Ces messages faisaient état des discussions très franches et très vives entre les rédacteurs des rapports du GIEC. L’une des phrases les plus mises en avant comportait cette affirmation : « Nous ne faisons pas de la science ». En réalité, son auteur estimait, en rédigeant les rapports du GIEC, ne pas faire progresser le savoir à l’aide d’expériences, de mesures ou d’analyses, mais se contenter de résumer une science déjà connue et publiée. Pour en avoir le cœur net, le Parlement britannique a mis en place une commission d’enquête qui a compulsé tous les courriels et interrogé les scientifiques… pour conclure qu’il n’y avait rien d’anormal dans ces échanges qui relevaient d’une discussion entre chercheurs.

Après cet épisode et les questions qui ont suivi sur les rapports du GIEC – leur calendrier, leurs sujets… –, il a été sagement décidé de conforter cette expertise publique sans équivalent. Le rapport 2014 et le rapport spécial sur le 1,5 °C demandé lors de la COP 21 à Paris en 2015 ont d’ailleurs démontré plus fortement encore sa capacité à synthétiser la science pour le compte des gouvernements et des citoyens.

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