Lorsque fut signé l’Accord de Paris, en conclusion de la 21e COP en décembre 2015, nombre d’observateurs et de diplomates ont cru bon d’en faire une lecture très optimiste. Cet Accord marquait, selon eux, la volonté des gouvernements de s’attaquer résolument au problème. Il a ainsi été souvent dit et écrit que cet Accord est « contraignant ».
La réalité est moins encourageante, même s’il constitue un progrès considérable au regard de l’impasse dans laquelle se trouvait le processus onusien depuis la COP 15 de Copenhague. Si les discussions s’étaient poursuivies, avec la réaffirmation des objectifs de la Convention, le plan d’action post- Protocole de Kyoto restait en suspens. L’Accord de Paris relance l’action, sur la base d’un consensus général, et réaffirme l’objectif climatique fixé à Copenhague de maintenir « l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C ».
Mais cet Accord n’a rien de contraignant en ce qui concerne les politiques climatiques visant à diminuer les émissions mondiales de gaz à effet de serre. La seule contrainte acceptée reste celle de tenir à jour ses inventaires d’émissions et de les transmettre au secrétariat de la Convention. Le cœur du texte, ce sont les INDC : « une contribution volontaire décidée au plan national ». Son sens réel est… « une promesse ». Ces contributions décrivent les politiques climatiques de chaque pays, avec un objectif d’émissions de gaz à effet de serre, les moyens pour y parvenir et les adaptations possibles aux changements climatiques.
L’analyse de ces promesses montre toutefois que même si elles étaient toutes réalisées, les émissions de gaz à effet de serre resteraient très au-dessus de la trajectoire nécessaire à l’atteinte de l’objectif des 2 °C. Au mieux, elles conduisent la planète vers un réchauffement climatique d’au moins 3 °C.
En outre, les années passées depuis 2015 indiquent que ces promesses ne sont pas en passe d’être tenues. Les émissions mondiales, après une légère pause en 2015 et 2016, ont repris leur augmentation en 2017 et 2018 en lien avec la croissance économique, notamment en Chine. Un volume historiquement haut de 33,1 milliards de tonnes de CO2 émises dans l’atmosphère a été atteint en 2018. La plupart des pays pauvres ont fait des promesses beaucoup trop ambitieuses… mais parce qu’elles étaient conditionnées à une aide massive des pays riches qui n’est toujours pas à l’ordre du jour. Le président des États-Unis, Donald Trump, a confirmé son intention de sortir de cet Accord en 2020 alors que son pays a émis plus de 5,2 milliards de tonnes de CO2 en 2018, soit une hausse de 3,4 % par rapport à 2017.
