En 1990, les émissions mondiales de CO2 liées à l’usage des énergies fossiles étaient d’environ 20 milliards de tonnes. En 2018, elles ont atteint 33 milliards. Une augmentation vigoureuse, d’environ 40 %. Durant cette période, de 5,3 milliards, la population mondiale a atteint 7,6 milliards. Les émissions sont donc passées de 4,2 tonnes par habitant à 4,9 tonnes. Une croissance beaucoup moins spectaculaire. Mais cette vision mondiale cache des disparités très fortes car les émissions par habitant et par pays ont évolué de manière très variée.
Dans le groupe des nations riches, et anciennement industrialisées, on note des émissions stagnantes, voire en diminution, en valeur absolue ou par habitant. Ainsi, celles des États-Unis d’Amérique ont très peu crû, passant de 5 à 5,1 milliards de tonnes, pour une population augmentant de 252 à 324 millions. Leurs émissions ont donc baissé de 20 à 15 tonnes par habitant. L’Union européenne affiche des résultats bien meilleurs, en réduisant ses émissions (à territoire équivalent) de 4,4 à 3,5 milliards de tonnes, pour une population passant dans le même temps de 477 à 508 millions. Ses émissions par habitant ont donc elles aussi été restreintes d’un quart, de 9,2 à 6,9 tonnes, mais à partir d’un niveau moins élevé. Cet exemple prouve qu’il est possible d’obtenir des performances sociales, économiques, d’éducation ou de santé publique équivalentes, voire meilleures, avec des émissions bien plus faibles par habitant que les États-Unis d’Amérique.
La Chine constitue le plus gros morceau du groupe des pays dits émergents, qui se sont industrialisés durant cette période. Ses émissions se sont accrues de 2,3 milliards à 10,8 milliards de tonnes de CO2, alors que sa population passait de 1,1 à 1,4 milliard d’êtres humains. Ses émissions par habitant ont donc très nettement grimpé de 2 à 7,7 tonnes, mais stagnent depuis 2012. D’autres territoires, comme l’Inde, le Vietnam, le Bangladesh, l’Indonésie, le Brésil… affichent des émissions en forte croissance sur cette période, mais avec des niveaux encore très inférieurs par habitant : de 0,6 en 1990 à 1,8 tonne en 2018 pour l’Inde.
Quant aux pays souvent qualifiés de PMA dans le langage diplomatique, ils affichent des niveaux très bas tant au début qu’à la fin de la période, mais avec des évolutions importantes, parfois avec des stagnations, ou même des reculs, signes de crises économiques ou politiques, voire de guerres. Ainsi, si le Nigeria a vu sa population exploser de 95 à 190 millions, ses émissions n’ont augmenté que de 68 à 94 millions de tonnes, avec une diminution par tête, de 0,7 à 0,5 tonne. Cela peut sembler positif pour le changement climatique mais témoigne surtout de difficultés économiques et sociales accrues. À l’inverse, l’Éthiopie, toujours très pauvre, affiche des émissions en hausse – de 2,3 à 15 millions de tonnes, et 0,05 à 0,14 tonne par habitant –, signes d’un développement économique encore timide mais bien présent. Il est donc certain que ces États vont accroître leurs émissions dans les années qui viennent.