Le groupe 2 du GIEC1 s’intéresse à la vulnérabilité des sociétés face au changement climatique et à leurs capacités d’adaptation. L’éventail des spécialités mobilisées parmi les 309 auteurs de 70 pays du groupe 2 du rapport 2014 est très large. Géographes, biologistes, économistes, médecins, sociologues, politologues et psychologues… Il ne s’agit pas seulement d’estimer l’effet du changement climatique sur l’évolution des stocks de poissons, la fréquence des inondations fluviales, les étendues de terre menacées de submersion marine, les débits des cours d’eau, la production d’électricité ou la capacité à irriguer l’agriculture. Le rapport traite aussi de la prise de décisions en situation incertaine, de la résilience d’organisations sociales bousculées par un climat en évolution rapide, ou de l’« équité du développement durable ».
Si le groupe 2 fait appel à de nombreuses disciplines, chacune d’elles ne consacre qu’une part minoritaire de ses efforts de recherche au changement climatique. Cela peut provoquer des distorsions de ses analyses. En voici trois exemples.
Le premier est lié à la crainte d’une extension des maladies tropicales à vecteurs (moustiques…) portée par des climatologues et des entomologistes. Ces derniers ont montré que les zones favorables à ces vecteurs vont s’étendre vers le nord et le sud, ou changer de distribution en Afrique : ils seront moins répandus dans les plaines et davantage vers les hauts plateaux. Puis des historiens de ces maladies et des épidémiologistes ont fait remarquer que leur extension réelle était surtout contrôlée par les politiques publiques (santé, lutte contre les vecteurs, assainissement) et qu’une approche réduite à l’étude des niches écologiques des vecteurs était trop simpliste.
Le deuxième concerne le potentiel d’adaptation des agricultures au changement climatique. Il est vaste, mais il peut se trouver réduit à néant par des troubles politiques, des guerres, des crises sociales. Anticiper la réaction des agricultures uniquement à travers les techniques et l’agronomie peut donc se révéler exagérément optimiste.
Le troisième est relatif aux extinctions d’espèces. Les changements climatiques mettront à rude épreuve celles qui ne peuvent migrer, mais les autres atteintes anthropiques à l’environnement, comme la pollution des cours d’eau ou la surpêche, auront un rôle important dans leur déclin, voire leur disparition.
Ces exemples montrent que, si le groupe 2 est à même d’examiner avec rigueur les travaux scientifiques dans différents domaines, il lui est parfois difficile de se prononcer efficacement. En effet, l’étude des impacts du changement climatique et des adaptations possibles est beaucoup moins avancée que celle de la physique du climat dont s’occupe le groupe 1. D’importants progrès ont toutefois été réalisés pour le rapport 2014 : les chercheurs en économie, écologie, santé publique et épidémiologie, urbanisme, géographie, droit ou sciences politiques qui envisagent leurs travaux dans le cadre de la problématique du changement climatique sont désormais plus nombreux dans les programmes universitaires et les organismes de recherche.