Comment fonctionne le GIEC ?

La fonction du GIEC est de publier des rapports d’expertise rédigés par des scientifiques à la demande des gouvernements et à destination de ces derniers et des citoyens. S’il existe des rapports spéciaux sur des points précis – comme celui qui a été publié en 2018 sur les conséquences d’un réchauffement climatique de 1,5 °C relativement à la période préindustrielle et sur les trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre compatibles avec cet objectif –, l’essentiel relève des rapports généraux publiés en 1990, 1995, 2001, 2007 et 2014. Ceux-ci sont scindés en trois parties, élaborées par trois groupes de travail. Le groupe 1 traite des sciences du climat, de son évolution passée, actuelle et future d’un point de vue physique. Le groupe 2 étudie les impacts du changement climatique sur les écosystèmes naturels et sur les sociétés humaines. Le troisième s’intéresse aux moyens disponibles pour atténuer ce changement climatique en diminuant les émissions de gaz à effet de serre et aux politiques d’adaptation à ces changements. Les experts mobilisés viennent de toutes les disciplines concernées, de la physique du climat aux sciences politiques en passant par la biologie, la médecine, l’ingénierie, l’économie ou l’urbanisme. Chacun de ces rapports donne lieu à trois versions, une version complète d’environ 2 000 pages, un résumé technique et un résumé pour décideurs. Enfin, une synthèse générale est rédigée, elle aussi en trois versions.

C’est le bureau du GIEC qui décide du plan des rapports, donc des questions à traiter. Il nomme ensuite les principaux responsables de la rédaction et de la révision des textes. Ces derniers puisent dans un vivier d’experts proposés par les gouvernements pour composer des équipes par chapitre. Le rapport de synthèse 2014 a ainsi été préparé par 830 auteurs principaux (dont 33 Français). Au cours de leur étude, les rédacteurs peuvent faire appel à d’autres scientifiques spécialistes du point traité. Plusieurs milliers de scientifiques sont donc impliqués dans l’écriture. Puis une première version du texte est soumise à la critique de la communauté scientifique et des gouvernements, suscitant des commentaires qui se comptent par milliers pour chaque chapitre. Toutes les versions successives des textes, ainsi que les critiques et les réponses qui y sont faites, sont archivées depuis le rapport de 2014 et disponibles, dans un processus totalement transparent.

Le contenu de ces rapports est adossé aux publications scientifiques dont il fait une synthèse critique, en particulier pour attribuer des degrés de confiance aux différents résultats. Par exemple, on peut être « très confiants » envers la prévision d’une hausse des températures futures, affirme le rapport 2014. À l’inverse, un « faible niveau de confiance » affecte les études de géo-ingénierie qui proposent d’extraire le CO2 de l’atmosphère pour le stocker en sous-sol ou dans les océans.

Les rapports du GIEC ont une influence sur les travaux de recherche, en ce sens que les équipes qui réalisent les simulations informatiques du climat sont incitées à utiliser le même cadre temporel et des scénarios d’émissions de gaz à effet de serre similaires afin de permettre une comparaison très précise des résultats. Cela ne serait pas possible sans cette coordination.

Les rapports du GIEC ne préconisent aucune politique, cela lui est interdit. Ils doivent seulement répondre à des questions du type : si nous émettons telles quantités de gaz à effet de serre, comment le climat va-t-il changer ? Quelles en seront les conséquences ? Existe-t-il des moyens techniques et économiques pour diminuer ces émissions et s’adapter aux transformations du climat ? Les informations qu’ils donnent doivent être utiles à la détermination de politiques climatiques, mais non prescriptives.

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