Les forêts sont le poumon de la planète, fournissant de l’oxygène, régulant le climat et abritant la biodiversité. Pourtant, ils sont menacés par la déforestation, entraînée par la demande de produits tels que le soja, l’huile de palme et la viande bovine. Que peuvent faire les secteurs économiques et financiers mondiaux pour inverser cette tendance et protéger les forêts ?
Le pouvoir et la responsabilité des entreprises
Les entreprises ont un impact énorme sur les forêts, à la fois directement et indirectement. Ils s’approvisionnent en matières premières dans les régions forestières, les transforment en biens de consommation et les distribuent dans le monde entier.
Ils influencent également les politiques et les pratiques des gouvernements, des fournisseurs et des consommateurs par le biais de leurs initiatives de lobbying, de marketing et de responsabilité sociale des entreprises.
Cependant, de nombreuses entreprises n’en font pas assez pour garantir que leurs chaînes d’approvisionnement soient exemptes de déforestation.
Selon un rapport de Global Canopy, une organisation à but non lucratif qui surveille les questions forestières, seules 14 % des 350 entreprises évaluées ont pris des engagements forts pour éliminer la déforestation de toutes leurs chaînes d'approvisionnement.
Les autres ont des engagements soit faibles, soit partiels, soit inexistants.
Il s’agit d’une opportunité manquée pour les entreprises, car elles pourraient bénéficier de l’adoption de chaînes d’approvisionnement plus durables.
Par exemple, ils pourraient réduire leurs risques de réputation et opérationnels, améliorer leur accès au financement et aux marchés, accroître la valeur de leur marque et la fidélité de leurs clients, et contribuer aux objectifs mondiaux d’action climatique et de conservation de la biodiversité.
Le rôle et l'influence des institutions financières
Les institutions financières sont un autre acteur clé du secteur forestier, car elles fournissent le capital et le crédit qui permettent aux entreprises de fonctionner et de se développer.
Ils investissent, prêtent et assurent des milliards de dollars chaque année à des entreprises impliquées dans le secteur des produits à risque forestier, comme le soja, l’huile de palme et le bœuf.
Cependant, de nombreuses institutions financières ne prennent pas de mesures adéquates pour évaluer et atténuer les risques environnementaux et sociaux associés à leurs investissements.
Selon le même rapport de Global Canopy, seules 30 % des 150 institutions financières évaluées ont pris des engagements forts pour éviter de financer la déforestation. Les autres ont des engagements soit faibles, soit partiels, soit inexistants.
Il s’agit d’une approche à courte vue de la part des institutions financières, car elles pourraient subir des pertes et des responsabilités importantes si elles continuent à soutenir la déforestation.
Par exemple, elles pourraient souffrir d’actifs bloqués, de prêts douteux, de rendements réduits, de litiges juridiques, de sanctions réglementaires et d’une atteinte à leur réputation.
Ils pourraient également passer à côté des opportunités et des incitations offertes par le marché croissant de la finance verte et des investissements durables.
Le besoin et le potentiel de changement
Les secteurs des affaires et de la finance ont le pouvoir et la responsabilité d’inverser la déforestation et de protéger les forêts. Ils bénéficient également des incitations et des avantages nécessaires pour le faire. Toutefois, ils doivent agir de manière plus décisive et plus urgente, car la fenêtre d’opportunité se referme rapidement.
Ces secteurs peuvent prendre plusieurs mesures pour faire une différence positive. Par exemple, ils peuvent :
- Adopter et mettre en œuvre des politiques et des normes claires et complètes pour éliminer la déforestation de leurs chaînes d’approvisionnement et de leurs portefeuilles.
- S'engager et collaborer avec leurs parties prenantes, telles que les gouvernements, les fournisseurs, les clients, la société civile et les peuples autochtones, pour promouvoir et soutenir la gestion et la restauration durables des forêts.
- Divulguer et rendre compte de leurs impacts, risques et opportunités liés aux forêts, et les aligner sur les cadres et objectifs internationaux, tels que l'Accord de Paris, les objectifs de développement durable et la Déclaration de New York sur les forêts.
- Innover et investir dans de nouvelles technologies, produits et services qui réduisent la pression sur les forêts et améliorent leur valeur et leur résilience.
En prenant ces mesures, les secteurs des affaires et de la finance peuvent non seulement sauver les forêts, mais aussi assurer leur propre avenir et leur prospérité.
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