La surpêche menace les écosystèmes océaniques et la résilience climatique, selon des chercheurs

Le monde est confronté à une crise climatique qui menace la survie de millions d’espèces, dont les humains. Les impacts du réchauffement climatique se font déjà sentir sous la forme d’événements météorologiques extrêmes, d’élévation du niveau de la mer, de fonte des calottes glaciaires et de perte de biodiversité.

Pour éviter les pires scénarios, nous devons prendre des mesures urgentes et ambitieuses pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et renforcer la résilience des systèmes naturels.

L’une des actions clés qui peuvent nous aider à atteindre cet objectif est souvent négligée ou ignorée dans le discours dominant sur le climat : mettre fin à la surpêche.

La surpêche consiste à capturer plus de poissons que ce que l’océan peut reconstituer, ce qui entraîne l’épuisement des stocks de poissons et la perturbation des écosystèmes marins.

La surpêche met non seulement en danger la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de millions de personnes qui dépendent de la pêche, mais elle mine également la capacité des océans à réguler le climat et à soutenir la vie sur Terre.

Dans cet article, nous explorerons comment mettre fin à la surpêche est une solution gagnant-gagnant pour améliorer la vitalité des océans, renforcer la robustesse climatique et garantir des moyens de subsistance durables.

La connexion invisible

L’océan est un allié essentiel dans la lutte contre le changement climatique. Il absorbe environ un quart du dioxyde de carbone émis par les activités humaines et produit plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons.

Il régule également la température mondiale et les conditions météorologiques et abrite d’innombrables espèces de plantes et d’animaux.

Cependant, l’océan est menacé par la surpêche, qui réduit sa capacité à remplir ces fonctions essentielles. La surpêche affecte le cycle du carbone des océans, qui est le processus par lequel le carbone est échangé entre l’océan, l’atmosphère et les organismes vivants.

En éliminant de grandes quantités de poissons et d’autres espèces marines de l’océan, la surpêche modifie l’équilibre du cycle du carbone et libère davantage de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

Selon une étude publiée dans la revue Science, la surpêche a réduit le stockage de carbone dans les océans d’environ 1,5 milliard de tonnes depuis 1950, soit l’équivalent des émissions annuelles de 476 millions de voitures.

L’étude a également révélé que restaurer les populations de poissons à leurs niveaux optimaux pourrait augmenter le stockage de carbone dans les océans de 10 %, soit 205 millions de tonnes par an, ce qui équivaut aux émissions annuelles de 63 millions de voitures.

La surpêche affecte également le climat en perturbant le réseau trophique des océans, qui est le réseau d’interactions entre les différentes espèces de l’écosystème marin.

En éliminant les principaux prédateurs et herbivores de l’océan, la surpêche modifie l’équilibre du réseau alimentaire et affecte l’abondance et la diversité d’autres organismes.

Par exemple, la surpêche des requins, du thon et d’autres gros poissons peut entraîner la prolifération de poissons plus petits, de méduses et d’algues, qui ont des impacts différents sur la biogéochimie et la biodiversité des océans.

Une étude publiée dans la revue Nature Climate Change a montré que la surpêche des gros poissons peut réduire la production océanique de sulfure de diméthyle (DMS), un composé qui contribue à la formation des nuages ​​et réfléchit la lumière du soleil vers l’espace.

L’étude estime que la surpêche des gros poissons a réduit les émissions de DMS dans l’océan de 19 %, soit 3,5 téragrammes par an, ce qui équivaut aux émissions annuelles de 875 millions de voitures.

L’étude suggère également que la restauration d’importantes populations de poissons pourrait augmenter les émissions de DMS dans l’océan de 10 %, soit 1,8 téragrammes par an, ce qui équivaut aux émissions annuelles de 450 millions de voitures.

Une solution gagnant-gagnant

Mettre fin à la surpêche n’est pas seulement une nécessité, mais aussi un bénéfice pour l’océan, le climat et pour nous-mêmes. En permettant aux stocks de poissons de se reconstituer et aux écosystèmes marins de se rétablir, nous pouvons améliorer la santé et la résilience des océans et récolter les fruits de leurs services et de leurs ressources.

L’un des avantages de l’arrêt de la surpêche est l’augmentation de la biomasse des poissons, c’est-à-dire le poids total des poissons dans l’océan. Selon une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, mettre fin à la surpêche pourrait augmenter la biomasse mondiale de poissons de 56 %, soit 5 milliards de tonnes, d’ici une décennie.

Cela fournirait davantage de nourriture et de revenus à des millions de personnes qui dépendent de la pêche, en particulier dans les pays en développement où le poisson constitue une source majeure de protéines et de nutrition.

Un autre avantage de l’arrêt de la surpêche est l’amélioration de la biodiversité marine, c’est-à-dire la variété de la vie dans l’océan. Selon une étude publiée dans la revue Nature, mettre fin à la surpêche pourrait augmenter la biodiversité marine mondiale de 36 %, soit 4,1 millions d’espèces, d’ici une décennie.

Cela renforcerait la résilience des océans aux changements environnementaux et préserverait la diversité génétique et le potentiel évolutif de la vie marine.

Un troisième avantage de l’arrêt de la surpêche est la réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui sont les principaux moteurs du changement climatique.

Selon une étude publiée dans la revue Nature, mettre fin à la surpêche pourrait réduire les émissions mondiales de dioxyde de carbone de 6 %, soit 1,5 gigatonnes, par an.

Cela contribuerait aux efforts mondiaux visant à limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels, comme convenu par l’Accord de Paris.

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