La transition climatique que nous connaissons a-t-elle des analogues dans le passé ?

L’histoire climatique de la Terre a été mouvementée. D’immenses périodes de temps n’ont connu que des évolutions lentes, entrecoupées de transitions rapides. La dernière ère climatique de notre planète, le Quaternaire, voit se produire depuis 1 million d’années de spectaculaires oscillations entre périodes interglaciaires plus courtes, chaudes et stables, et périodes glaciaires plus longues, froides et instables. Pendant toute cette période, le CO2 atmosphérique est confiné à des valeurs faibles oscillant entre 180 et 280 ppm . Il est aujourd’hui de 410 ppm . Il faut donc remonter plus de 3 millions d’années en arrière pour retrouver un taux de CO2 dans l’atmosphère similaire à l’actuel. 3 millions d’années, ce n’est presque rien à l’échelle tectonique et le visage de la Terre a peu changé, sauf que la calotte de glace groenlandaise n’existait pas et que celle de l’Antarctique était un peu moins importante qu’aujourd’hui. Le niveau marin était donc plus élevé d’environ 15 mètres. Pourtant, ce n’est pas un bond analogue du changement climatique que nous provoquons. Ou plutôt, ce serait un bond analogue si on pouvait bloquer la concentration de CO2 dans l’atmosphère à sa valeur actuelle et laisser le climat évoluer pendant des centaines d’années. La cryosphère aurait le temps de s’équilibrer avec ce taux de CO2 et nous perdrions la calotte du Groenland et la partie ouest de la calotte Antarctique.

La spécificité de la période que nous vivons, qui résulte de nos émissions de gaz à effet de serre, est la rapidité du changement climatique – couplé aux autres transformations écologiques comme les extinctions d’espèces – dont nous sommes responsables. Il n’existe donc pas de situation analogue dans le passé, qui pourrait permettre de tester nos modèles climatiques de manière fiable. Si l’on isole le seul aspect de la rapidité du changement, il faut se tourner vers des événements cataclysmiques, comme la chute d’un astéroïde sur Terre, il y a 65 millions d’années. Mais les cascades de changements climatiques qu’il a engendrées sont trop différentes de celles que nous provoquons pour que ce rapprochement soit utile à l’anticipation du futur.

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