La faune et la flore ont-elles déjà réagi au changement climatique ?

Avec leurs pattes, leurs nageoires, leurs ailes… les animaux ont déjà réagi au changement climatique. Les pêcheurs et les halieutes (spécialistes des stocks de poissons) ont noté la montée vers l’hémisphère Nord d’espèces qui ont suivi le réchauffement des océans. Empruntant le canal de Suez, des espèces de la mer Rouge se dispersent en Méditerranée. Dans les montagnes, des espèces animales et végétales montent vers les sommets en dépassant leurs limites anciennes. Il est désormais courant d’entendre une cigale à 1 500 mètres d’altitude sur le mont Lozère. Et le moustique tigre, éventuel porteur de maladies (dengue, chikungunya, zika), a déjà envahi plus de 50 départements à partir du sud de la France. Dès 2011, une vaste étude pour la période climatique 1970-2010, portant sur plus de 2 000 espèces sauvages animales et végétales, montrait que leur zone de répartition avait grimpé en moyenne (les écarts sont très importants) de 70 kilomètres vers les pôles et d’environ 50 mètres en altitude. Ces déplacements se vérifient au niveau de l’ensemble des écosystèmes. En revanche, les réactions individuelles des espèces peuvent être très variées, voire contradictoires : la bouscarle de Cetti (un petit oiseau) a grimpé de 150 kilomètres vers le nord tandis que le bruant zizi a fait le chemin inverse, 120 kilomètres vers le sud (dans l’hémisphère Nord).

Les arbres ne peuvent se déplacer individuellement, mais les forêts montrent déjà des réactions. Certaines peuvent sembler positives, comme l’augmentation de la croissance des arbres dopés par l’élévation de la teneur de l’air en CO2 mais aussi par la pollution en azote. En outre, les forêts grimpent en altitude et en latitude, notamment en Sibérie et au Canada. Les dernières décennies du XXe siècle semblaient donc montrer une sorte de verdissement planétaire, malgré l’extension ici ou là de zones arides, voire désertiques. Mais d’autres signaux négatifs semblent désormais contrarier ce phénomène. Depuis l’an 2000, plusieurs indices de croissance végétale mesurés sur l’ensemble de la planète (quantité de végétation et vigueur de sa croissance) laissent entrevoir une diminution. Ce phénomène n’avait pas été anticipé par les modèles climatiques. Une autre observation satellitaire est venue accentuer l’inquiétude des spécialistes. Elle montre que les forêts tropicales, sur la période 2011 à 2016, ne sont plus des puits de carbone, mais à l’équilibre pour le cycle du carbone. Cette évolution provient de l’accumulation de mauvaises années pour la croissance végétale, en raison de sécheresses prolongées. Lors de ces épisodes, la mortalité des arbres est si importante qu’elle annihile leur croissance des bonnes années.

Les agriculteurs sont eux aussi confrontés à des changements déjà significatifs pour les cultures. Les dates de vendanges sont de plus en plus précoces, le degré de sucre, et donc d’alcool après vinification, augmente. Enfin, les rendements des céréales ont tendance à stagner dans les régions où tout ce qui peut être fait pour les favoriser (engrais, lutte contre les ravageurs, sélection génétique…) a déjà été entrepris, notamment en Europe de l’Ouest.

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