Dans le vaste paysage chinois, un contributeur silencieux mais important aux émissions de gaz à effet de serre a été largement négligé : le réseau complexe des eaux intérieures.
Cet article explore le rôle caché que jouent les rivières, les lacs, les réservoirs et les étangs dans le changement climatique, révélant le besoin urgent d'une stratégie de surveillance globale.
Les coupables sous-estimés : les voies navigables intérieures
Les eaux intérieures de la Chine, un système complexe de corps naturels et artificiels, ont longtemps été ignorées dans l'inventaire mondial des gaz à effet de serre.
Pourtant, des études récentes suggèrent que ces eaux ne sont pas de simples canaux passifs mais des émetteurs actifs de dioxyde de carbone (CO2) et de méthane (CH4), deux puissants gaz à effet de serre.
Les processus qui influencent ces émissions sont divers et interconnectés, allant du dégel du pergélisol sur le plateau tibétain aux activités métaboliques dans les étangs d'aquaculture.
Le dégel du pergélisol : une bombe à retardement
Le plateau tibétain, souvent appelé le « troisième pôle », connaît un réchauffement rapide, entraînant la fonte du pergélisol.
Ce dégel libère du carbone ancien dans les systèmes d’eau, qui finit par se retrouver dans l’atmosphère, exacerbant ainsi l’effet de serre.
La vitesse à laquelle cela se produira est extrêmement incertaine, ce qui pose un défi important aux prévisions du changement climatique.
Urbanisation et Aquaculture
Alors que la Chine s’urbanise à un rythme sans précédent, l’augmentation des eaux usées dans les plans d’eau introduit des nutriments qui alimentent la croissance microbienne. Ces microbes libèrent à leur tour du CO2 et du CH4.
De même, les nutriments utilisés dans les fermes aquacoles, qui représentent environ 60 % du total mondial, contribuent également aux émissions de gaz à effet de serre.
Cependant, les techniques d’aération de ces eaux peuvent supprimer l’activité microbienne anaérobie, réduisant ainsi potentiellement les rejets de méthane.
L’appel à l’action : surveiller pour un avenir durable
La nécessité d’un réseau de surveillance étendu est évidente. En évaluant fréquemment les qualités biochimiques et biologiques des eaux intérieures chinoises, les scientifiques peuvent mieux comprendre leur impact sur le changement climatique.
Ces connaissances sont cruciales pour élaborer des stratégies visant à atténuer les émissions de gaz à effet de serre et à progresser vers un avenir durable.
Cet article approfondi offre une perspective unique sur le rôle des eaux intérieures chinoises dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre, soulignant les complexités et la nécessité d'agir.
Il est rédigé pour impliquer les lecteurs en se concentrant sur les aspects moins connus du problème et en appelant à une approche proactive de la gestion environnementale.
Quantifier les émissions des eaux intérieures
Des études récentes ont quantifié les émissions de dioxyde de carbone des ruisseaux, rivières, lacs et réservoirs de Chine, révélant une interaction complexe entre les processus naturels et les activités humaines.
Au cours des trois dernières décennies, les chercheurs ont observé une diminution de 29 % du flux d’émissions de CO2 provenant de ces eaux intérieures, passant de 138 ± 31 millions de tonnes de carbone par an dans les années 1980 à 98 ± 19 millions de tonnes de C/an dans les années 2010.
Ce changement est attribué à de nombreux barrages et à des changements intensifs d’utilisation des terres, qui ont modifié le cycle naturel du carbone.
Le rôle des changements environnementaux et socio-économiques
La diminution des émissions n’est pas uniforme dans toutes les masses d’eau. La recherche indique que si certaines régions ont connu une réduction des émissions grâce aux efforts de conservation de l'environnement et aux changements d'utilisation des terres, d'autres ont connu une augmentation en raison de l'urbanisation et de l'industrialisation.
L'étude a utilisé des techniques de télédétection et analysé près de 200 000 échantillons d'eau collectés dans 1 709 sites dans les années 1980 et 1 064 sites à travers la Chine dans les années 2010 pour estimer le flux d'émission de CO2.
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